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Ancien élève de Larry Clark et de Nan Goldin, Antoine d'Agata parcourt le monde depuis une vingtaine d’années mais se retrouve toujours au même endroit : où qu’il aille, le photographe marseillais s’engouffre dans les bas-fonds, sombres et durs. Il y vit avec les prostituées, les ivrognes, les clochards, les drogués. S’installe comme un exclu parmi les exclus, pour témoigner de l'aliénation de ces existences privées d'espoir. Lors de ses pérégrinations nocturnes, il saisit ses modèles sans flash. Flou, onirique, comme voilé par l'ébriété et l’insomnie, son langage visuel mâchonne alors des histoires sordides, à demi-mot. Déformations glaçantes de la chair et d’une réalité insupportable, ses portraits évoquent parfois les expériences tortueuses de Francis Bacon.
Qu’il œuvre le jour ou la nuit, au fond de bordels miteux, de repaires de toxicos ou en plein air, d’Agata dépeint toujours un monde gris, morne, foutu. Un univers qui semble hurler en silence, la gueule grande ouverte. Le BAL, haut-lieu de l’image documentaire, rend hommage à ce travail déroutant qui raconte le pire. Tout en trouvant dans la noirceur une forme de beauté : peut-être celle, immonde et désespérée, que l’on rencontre lorsque l’autodestruction semble être la dernière des libertés.
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Image : © Antoine d’Agata - Magnum photos / Courtesy galerie Les Filles du Calvaire, Paris
N'en déplaise aux triskaïdékaphobes (phobiques du « 13 »), l'année est aux chiffres qui font peur et on n'y échappera pas. Les superstitieux n'ont plus qu'à se consoler auprès des musées parisiens, déjà prêts à embrayer sur la nouvelle saison. Entre surréalisme à la sauce mexicaine, pointillisme à la mode comics et romantisme qui broie du noir : beau programme en perspective.
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