Caspar David Friedrich : Couchers de soleil (frères), c. 1830-1835
Il semblait logique de commencer par lui, dans cette petite virée du côté du soleil vu par les artistes. Roi du Romantisme allemand, Caspar David Friedrich a passé sa carrière à courir après le paysage idéal et à souligner l’insignifiance de l’homme face à l’immensité de la nature. Forcément, avec une ligne éditoriale pareille, le coucher de soleil ne pouvait que lui taper dans l’œil. Introspection, contemplation, vertige face à la grandeur de l’univers, mélancolie du jour qui s’éteint, convoitise de la nuit noire qui arrive… C’est en quelque sorte la peinture romantique qui invente le soleil couchant tel qu’on le conçoit aujourd’hui : comme un événement sacré, une sorte d’apothéose de la beauté naturelle qui nous chavire et nous transcende. Quelque chose d’excessif qui, avec le temps et la lente déformation du terme « romantique », finira par basculer du côté du kitsch au gré de l'avènement de la société de consommation.
Caspar David Friedrich : Couchers de soleil (frères), c. 1830-1835 / Musée de l'Ermitage