Eblouissant. Monstrueux. Sur près de 4 000 m2, ‘Dynamo’ rugit, vibre, scintille dans tous les sens. Plein à craquer d’œuvres abstraites et hypnotiques, le Grand Palais vient encore taper dans l’œil de son public (après MONUMENTA, Helmut Newton, Hopper et autres blockbusters) avec cette exposition spectaculaire aux airs de jungle électrique.
Décollant vers des ailleurs vertigineux, les deux étages du parcours traversent cent ans d’expérimentation visuelle. Effets d’optique, distorsions, mouvement, lumière, convulsions… Des ampoules abrutissantes de Carsten Höller aux doux faisceaux lumineux de François Morellet, des miroirs déformants d’Anish Kapoor au labyrinthe fantastique de Julio Le Parc & co, les œuvres réunies embuent les frontières qui séparent habituellement les styles et les époques. Toutes partagent une volonté semblable : celle de brouiller les repères du public, de le faire participer, de le mettre dans un état second. D’ailleurs, ici, on ne cherche pas à coller des étiquettes. L’appartenance des œuvres à un seul et même univers, étourdissant et souvent ludique, semble couler de source. Nous voilà en immersion totale dans les mirages de l’art « perceptuel » et « sensoriel », source d’inspiration d’innombrables artistes depuis la démocratisation de l’énergie électrique au début du siècle dernier.
Au fil de ce très long (et parfois physiquement éprouvant) périple, tous les moyens sont bons pour pousser la vision vers des territoires insoupçonnés. Il s’agit parfois de tromper le regard en créant une impression de mouvement à partir de peintures de formes géométriques : c’est le cas notamment de la branche de l’op’art, du cinétisme et de leurs héritiers, sur laquelle on trouve Victor Vasarely, Philippe Decrauzat, Josef Albers ou Bridget Riley. Ailleurs, il est question de mobilité au sens propre : œuvres motorisées, ampoules clignotantes, formes qui s’animent au gré des gestes et des déambulations du spectateur. Et puis surviennent par-ci par-là des voyages un peu fous, voués à avaler l’espace et anesthésier les sens : les nuées bleues d’Ann Veronica Janssen, qui aspirent le regard et le noient dans une brume électrique ; les bains de néons de Dan Flavin qui semblent vouloir conquérir le vide à tout prix, en l’injectant de couleurs ; les lueurs chromatiques de Carlos Cruz-Diez qui se dilatent et submergent le néant… Toute une avalanche d’œuvres d’art, immense, excessive, et parfois source de sensations violentes (avis aux épileptiques et aux claustrophobes). On en sort tout chamboulé, heureux d’avoir le cerveau en compote et les yeux qui sortent, presque littéralement, de leurs orbites.
> Horaires : tous les jours sauf le mardi de 10h à 20h, nocturne le mercredi jusqu’à 22h.
Fermeture le 1er mai, le 14 juillet au matin et le 30 mai au soir.
> Quelques expos dans la même veine :
• En ce moment et prochainement :
> Julio Le Parc au Palais de Tokyo (jusqu'au 13 mai)
> Soto au Centre Pompidou (jusqu'au 20 mai)
> Ivan Navarro à la galerie Daniel Templon (du 25 avril au 1er juin)
• Précédemment :
> 'Néon' à la Maison Rouge (2012)
> Dan Flavin à la galerie Perrotin (2012)
> Yayoi Kusama à Beaubourg (2011)
Time Out dit
Infos
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- Prix
- De 9 à 13 €
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