Critique

Hannah Villiger, 'Polaroids'

3 sur 5 étoiles
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Time Out dit

Le corps a toujours été la matière première de l'œuvre de Hannah Villiger, artiste suisse majeure décédée en 1997 à l'âge de 45 ans. Son propre corps surtout – dont elle a passé près de vingt ans à photographier les moindres recoins, sans gêne, sans narcissisme, mais avec au contraire le regard de l'insecte qui gravite autour de l’épiderme, l’œil rivé sur des zones aléatoires. Le Centre culturel suisse révèle une petite sélection de polaroids originaux, posés sur deux grandes tables. Des autoportraits informes aux teintes fumées, qui bousculent délicieusement la tradition du nu. Villiger y capte des fragments, des articulations, des entrelacements qui, cadrés librement et sculptés par une lumière qui exacerbe les volumes, semblent couler vers l’abstraction. Autant de bouts de doigts, de pieds, de torses, souvent inidentifiables, parfois suggestifs, qui se plaisent à frôler l’ambiguïté : presque liquide, la chair glisse de cavités en saillies, comme pour titiller notre propension inconsciente à sexualiser le corps. Assemblées les uns à côté des autres par six, par huit, par dix, ces tirages amorphes forment, ensemble, des tableaux entêtants. De quoi se convaincre que Villiger, dont quelques œuvres sont exposées dans le nouvel accrochage des collections de Beaubourg, figure parmi les photographes les plus fascinantes de son époque.

> Horaires : du mardi au dimanche de 13h à 19h

Infos

Site Web de l'événement
www.ccsparis.com
Adresse
Prix
Entrée libre
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