Il s’appelle Bond, James B… Bon, OK, vous connaissez ça par cœur… Mais précisément, c’est sans doute l’intérêt principal de cette exposition James Bond à la Grande Halle de la Villette : revisiter un lieu commun. Archi-archi-commun. Jouer sur les références et fétiches d’une des franchises les plus longues et productives de l’histoire du cinéma, somme massive de « films pour les grands enfants », ainsi que le résumait Michael Lonsdale en évoquant son rôle dans ‘Moonraker’. Quelques rappels ? Les dents d’acier de « Requin » (Richard Kiel) dans ‘L’Espion qui m’aimait’, le pistolet d’or de Scaramanga (Christopher Lee) dans ‘L’Homme au pistolet d’or’, les costumes de la fête des morts dans ‘Spectre’, le maillot de bain moulant de 007 dans ‘Casino Royale’ ou celui d’Ursula Andress dans ‘Dr No’, le smoking de Roger Moore dans ‘Octopussy’ ou la cultissime Aston Martin DB5 conduite par Bond à partir de ‘Goldfinger’… Bref, tout y est. Même les gadgets (et les blagues) de Q.
Toutefois, au-delà des passages obligés et objets de cultes attendus, c’est surtout du travail d’élaboration de l’atmosphère visuelle du « mythe 007 » que l’exposition tire son charme. Davantage que les accessoires pour fans et collectionneurs, ce sont en effet les storyboards ultra-chiadés, le travail stylistique sur les costumes et les décors qui retiennent l’attention. En particulier, on remarquera les superbes dessins préparatoires de Ken Adam (chef décorateur de la série de ‘Dr No’ en 1962 à ‘Moonraker’ en 1979, mais aussi collaborateur de Kubrick sur ‘Barry Lyndon’ et ‘Dr. Folamour’), qui valent ici franchement le détour. Heureusement, me direz-vous, car si l’expo, ample, longue, hétéroclite, met clairement le paquet, son prix d’entrée (près de 22 € !) n’est pas sans rappeler, tout de même, que James Bond a beau être un héros populaire, il reste rigoureusement affilié à la couronne britannique (sa mère). Et vu sa descente de Dom Pérignon, le lascar ne doit pas non plus y aller de main morte, niveau notes de frais… Du coup, cela limite la portée de l’exposition, la réservant en priorité aux bourses bien garnies. En même temps, on était prévenus : les diamants sont éternels.