Critique

Julio Le Parc

4 sur 5 étoiles
  • Art, Installation
  • Recommandé
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Time Out dit

Ca bouge, ça brille, ça clignote… Ce n’est pas tant une exposition qu’un embarquement sur un étrange vaisseau, grouillant de machines et de vie. Un voyage vers une destination inconnue. Sensoriel. Obsédant. Drôle, parfois. Au Palais de Tokyo, l’univers expérimental de Julio Le Parc danse avec le mouvement, crée la surprise. Eparpillés sur quelque 2 000 m2, ses tableaux animés percent l’obscurité pour envelopper l’espace dans des nuées de lumières et de couleurs. Ses installations monumentales aspirent le regard et le noient au fond de paysages électriques. Beaux, simples, abstraits.

Autrefois allergique au monde des musées, à 84 ans, l’artiste argentin se laisse enfin apprivoiser par une grande institution culturelle pour y révéler toute l’étendue de son travail. A une condition : que le Palais de Tokyo se laisse, lui, carrément assiéger par l’œuvre vibrante de cet ancien de l’op art et de l’art cinétique. Pari réussi. L’hommage à Le Parc est à la hauteur de son art : séduisant, ludique, réfléchi. Fidèle aux intentions de l’Argentin, le parcours envahit complètement les lieux. Il bouscule les repères du spectateur, le pousse à être moins passif. S’il nous éblouit avec ses peintures géométriques, ses sculptures mystérieuses et ses petits moteurs à propulsion, Le Parc nous invite aussi à nous égarer. A intervenir. A toucher. Bref, à plonger dans l’œuvre la tête la première, au point d’en faire partie.

Peu importe qu’il orchestre ses tours de passe-passe visuels dans les années 1950, 1980 ou 2000 : tout au long de sa carrière, Julio Le Parc joue sur les mêmes sensations, avec une énergie et une constance impressionnantes. L’artiste s’efface, ne laisse presque aucune trace de son passage. Il s'attache à ses principes avec une volonté de fer : donner corps à la lumière, laisser parler la couleur à l’état pur, céder les rênes au public. Interrogeant sans cesse la perception, il œuvre au service de la beauté, mais aussi de l’humour. Sa délicieuse légèreté explose à la fin du parcours. « Salle de jeux », terminus : l’arrivée à destination a tout l’air d’un retour à l’enfance. Et après ce long voyage, on ne va pas se faire prier pour jouer aux fléchettes, marcher sur des sols mouvants, appuyer sur des tas de boutons pour activer des mécanismes improbables (des ampoules qui s’allument, des balles de ping pong qui rebondissent, des rubans de métal qui bougent…), et taper sur un député, un militaire ou un vilain journaliste (avouez, ça vous démange), dessinés sur de gros punching balls. A croire que plus Julio Le Parc s’efface, plus il tire, habilement, les ficelles de son petit monde. Et du nôtre.

Infos

Site Web de l'événement
palaisdetokyo.com
Adresse
Prix
De 8 € à 10 €
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