Critique

L'Art et Le Chat

5 sur 5 étoiles
Le célèbre félin de Philippe Geluck est féru d’art et le montre avec cette exposition au Musée en Herbe, entre hommage pudique et dérision philosophique.
  • Art, Technique mixte
  • Recommandé
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Time Out dit

Pour inaugurer les locaux tout beaux et tout nouveaux du Musée en Herbe – qui a emménagé au 23 rue de l’Arbre-Sec en ce mois de février 2016 – quoi de mieux que d’inviter un chat, gardien attitré des pénates. Mais pas n’importe quel chat, Le Chat. Cet éminent matou dont le papa n’est autre que le dessinateur de génie Philippe Geluck.

Réputé pour ses réflexions sagaces sans être vraiment sages, Le Chat à la langue bien pendue se retrouve mis en miroir avec une trentaine d’œuvres d’art, dans le cadre d’une exposition bien nommée ‘L’Art et Le Chat’ qui se tient du 11 février au 3 août 2016. Des tableaux de maîtres et des sculptures incontournables, tels ‘La Joconde’ de Léonard de Vinci ou le Mao de Warhol, comme des toiles faisant partie du panthéon personnel de son « crayonneur-créateur », à l’image d’un Soulages, d’un Lichtenstein ou d’un Magritte (ses « maîtres à philosopher » comme il les appelle). Des originaux qui ont d’ailleurs été généreusement prêtés au Musée en Herbe par des collectionneurs privés, des galeries ou par les artistes eux-mêmes. Toutefois, loin de se comparer à ces illustres aînés, Le Chat – oui, un chat sait parfois se montrer humble – leur témoigne toute son admiration. A sa manière, néanmoins, c’est-à-dire avec un humour aussi moqueur qu’affectueux.

Face à un monochrome bleu de Klein, Le Chat prend donc le volant d’un rouleau compresseur pour écraser un parterre de Schtroumpfs. Et, en vue d’imiter un Fontana, adepte du dessin cursif barré d’une incision, se met à faire ses griffes sur une toile. « C’est vrai que c’est un hommage insolent », nous concède Philippe Geluck. « Après, Le Chat doit rester Le Chat et personne n’échappe à son ironie mordante, parfois féroce », plaisante-t-il. Pas même des vestiges de renom comme la Vénus de Milo, qui se voit détournée en ‘Vénus de Mulot’ affublée d’une tête de souris. Un art du détournement que Philippe Geluck, inspiré par l’art vulgaire du Professeur Choron et Gébé dans Hara-Kiri, pratique déjà dans ses nombreux albums. Toujours pour le meilleur et pour le rire.

Philippe Geluck et son Chat donnent ainsi une interprétation pertinente d’œuvres hétéroclites dont ils adoptent avec talent chaque style tout en y apposant leur patte. Une lecture pleine d’esprit qui n’a cependant rien d’élitiste. En opérant sa sélection de tableaux, l’artiste a en effet pris le soin de demeurer accessible à un large public, a fortiori les juniors, à hauteur desquels les planches exposées sont d’ailleurs accrochées. « J’avais envie que mes dessins, au-delà du sourire qu’ils pourraient provoquer, donnent envie aux jeunes visiteurs de s’intéresser plus profondément aux tableaux qu’ils prennent pour modèles », reconnaît Philippe Geluck, lui-même grand-père et initié à l’art, par ses parents, dès l’enfance.

Afin de rendre l’exposition encore plus ludique, le Musée en Herbe a également mis en place un jeu de piste visant à immerger un peu plus les petits visiteurs dans ce monde de l’esthétique. Invités à porter des oreilles de chat et à compléter, au fur et à mesure du parcours, un carnet rempli d’énigmes adaptées à leur âge (un fascicule « chaton » pour ceux qui ne savent pas encore lire et un livret « chat » pour les plus grands), les bambins s’initient aussi à la discipline artistique au travers d’activités interactives. Ils sont ainsi invités à reproduire l’œuvre cubique de Picasso avec des dés ou le tableau d’Arcimboldo avec des fruits et des légumes mis à disposition.

Bref, si vous n’avez pas d’autres chats à fouetter, ‘L’Art et Le Chat’ est à voir d’urgence !

Cette exposition fait partie de notre sélection des meilleures expositions à Paris

Infos

Site Web de l'événement
museeenherbe.com/actuellement/
Adresse
Prix
De 4 à 10 €
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