On croyait avoir fait et refait le tour de l’impressionnisme, sans doute l’un des mouvements artistiques les plus médiatisés de tous les temps. Ce qu’on est naïfs ! De la Suisse au Mexique en passant par l’Italie et la Grande-Bretagne, quelques perles rares roupillent encore dans l’ombre de collections privées, prêtes à remonter à la surface le temps d’une exposition – mettons, au musée Marmottan-Monet. Avis, donc, aux amateurs du genre : pour fêter ses 80 ans, le temple de l’impressionnisme expose cent œuvres issues de collections particulières et encore jamais montrées, pour la plupart, au grand public. Caillebotte, Monet, Pissarro, Renoir, Degas, Corot, Boudin… Déjà, sur le papier, le casting avait de quoi titiller nos pupilles – d’autant qu’on nous promettait une centaine de « chefs-d’œuvre » réalisés par les illustres badigeonneurs de la seconde moitié du XIXe siècle. Et la bonne nouvelle, c’est qu’on ne nous a pas (vraiment) menti : presque toutes les pièces exposées s’avèrent d’une qualité assez ahurissante, quand on considère qu’elles ont atterri là, tout d’un coup, comme les vestiges de toute une espèce de dinosaures dont on aurait ignoré, jusqu’ici, l’existence.
Alors certes, bon nombre de toiles s’avèrent, en fait, être des études ou des esquisses de tableaux célèbres, présents dans les collections d’Orsay ou de grands musées américains (‘Un bar aux Folies Bergère’ de Manet, ‘Rue de Paris, temps de pluie’ de Caillebotte…). Mais dans l’ensemble, on se laisse amadouer par cette nuée toute fraîche de tableaux peints en plein air, qui nous emmènent des rives de l’Atlantique (le Bénerville de Bourdin, le Trouville de Monet) aux côtes délavées de la Méditerranée (l’Antibes de Monet, la Provence de Cézanne). La lumière perçante des berges de Seine de Sisley, l’éclat variable des saisons selon Pissarro, les nus concupiscents de Degas : tous les grands épisodes de l’impressionnisme ont su se frayer une place sur les murs (surchargés) de Marmottan. Mais pas seulement. On se laisse aussi surprendre par ces grands peupliers de Monet, vibrants et bleutés, qui préfigurent le fauvisme, ou par ces tournesols frétillants qui voient Caillebotte, l’œil de l’urbanisme et des intérieurs parisiens, quitter la rue pour poser son chevalet dans des jardins fleuris.
Alors tant pis si cette exposition a plus de succès auprès des retraités et des touristes (retraités) que le dernier Katy Perry auprès des moins de 18 ans – ce qui veut dire qu’il faut braver plus d’une heure de queue pour y accéder, tous les jours et à tout moment de la journée. Tant pis si les salles sont bondées comme la ligne 13 à 18h, ce qui rend l’expérience un peu pénible. Prenons-en de la graine : il faut croire que les yeuv ont bon goût. Des œuvres de cette trempe-là ne font pas escale à Paris tous les jours. Alors pas grave si t’as moins de 75 ans, les impressionnistes, tu peux kiffer aussi. Ouech.
> Horaires : du mardi au dimanche
de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu'à 20h.
Time Out dit
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- De 5 à 10 €
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