Tsai Ming Liang - 'Walker'
Les habitués de Berlin et de Venise vont devoir se faire une raison. Non, nous n'aborderons pas les problèmes liés au tourisme des « easyjeteurs » dont se plaignent les habitants des deux villes. C'est d'ailleurs bien plus grave que cela. Les assidus de leurs festivals respectifs n'y croiseront en effet plus Tsai Ming-Liang, lui qui a annoncé, après avoir remporté en 2013 le Grand Prix du jury de la Mostra pour 'Les Chiens errants', qu'il se retirerait de la réalisation de films dans la conception traditionnelle du terme. En lieu et place, le Malais a décidé de se lancer dans un art plus performatif dont il présentera deux premières moutures lors de la Nuit Blanche. Ceux-ci, 'Walker' et 'Le Voyage en Occident' – qui sera diffusé dans le quartier de la petite ceinture le même soir – rappelleront aux inconditionnels du réalisateur ses deux précédents opus au rythme si savamment ralenti. Tsai Ming-Liang y incarne en effet un moine bouddhiste déambulant dans les rues de Hong-Kong et de Marseille à un rythme qui contraste fortement avec celui des passants, plongé dans une profonde méditation au milieu d'un environnement qui n'aura jamais paru si hostile. L'esprit de Li Wei avec la caméra d'Apichatpong Weerasethakul. Cerise sur le gâteau, le réalisateur a réussi à convaincre Denis Lavant d'apparaître dans la version européenne de ces exercices de style si éloignés du cinéma classique et pourtant si proches de ses productions antérieures. Tandis que le documentaire 'L'Urgence de ralentir' fait grand bruit, Tsai Ming-Liang, lui, l'applique déjà en silence.
Tsai Ming-Liang, 'Walker', vidéo, en façade du BHV, à l'angle de la rue de Rivoli et de la rue des Archives.
De 20h à 7h.