L’art n’est souvent qu’une question de perspectives. Il suffit parfois de s’approcher ou de changer l’angle sous lequel on regarde une œuvre pour qu’elle exprime tout son potentiel esthétique. Voici ce qu’on se dit en sortant de l’expo ‘Perspective Playground’, un concept artistique jouant sur les points de vue et imaginé par un professionnel de l’optique : le fabricant japonais Olympus.
Inédit en France, le ‘Perspective Playground’ – qui se tient au Palais de Tokyo du 28 octobre au 25 novembre – se veut unique en son genre, et cela se ressent dès l’entrée. Chacun peut en effet se munir d’un appareil photographique prêté par la marque, avec carte SD incluse et offerte. L’objectif de cette généreuse opération : permettre au visiteur de devenir lui-même artiste en réalisant des clichés de qualité, les différentes options de l’engin s’adaptant parfaitement aux installations visibles sur le parcours. La première d’entre elles se situe d’ailleurs dans le hall, au milieu des œuvres permanentes du lieu. Il s’agit de ‘White Noise’ d’Erik Olofsen, un imposant mobile d’acier poli découpé au laser, reflétant une réalité trompeuse car éclatée, et marquant le début d’un périple singulier et immersif dans le monde des illusions d’optique.
Après avoir été englouti par de lourds rideaux noirs, le curieux pénètre ainsi dans un univers onirique où plusieurs artistes se sont amusés à déconstruire les perspectives. Avec ‘Insideout’, Leigh Sachwitz fait par exemple passer le visiteur de l’intérieur à l’extérieur d’une lumineuse maison, trônant au centre d’une grande pièce sombre, par un subtil jeu de clair-obscur. L’œuvre de Martin Butler, ‘Into the Eye’, fait, elle, fi des proportions en s’inspirant de la ‘Chambre des âmes’, une illusion d’optique grandeur nature. Quant au ‘Magic Kaleidoscope’ du studio d'architectes A2arquitectos, il plonge littéralement les plus téméraires dans un tunnel de miroirs démultipliant l’espace. Un voyage irréel au pays des hallucinations visuelles qui se termine par une session de light-painting hors-du-commun.
Envoûté mais déboussolé par le renversement de ses repères physiques, le visiteur doit monter un grand escalier de marbre pour accéder à la deuxième partie de l’exposition. Cette ascension achève de le ramener sur terre puisque, à l’étage, l’ambiance se révèle plus scientifique que fantasmagorique. Et pour cause : Olympus ne fait pas que dans la photographie, puisque la marque est aussi impliquée dans l’imagerie médicale. Afin d’allier science et beauté, Olympus a donc convié l’artiste Susi Sie, dont la particularité est de photographier des matières organiques (algues diatomées) et des substances cristallines (sulfate, aspirine…) au travers d’une lunette de microscope. Pourtant, à voir ses clichés présentant des spirales voluptueuses, difficile de croire que se sont des cellules grossies x10. Afin de s’en assurer, chacun peut donc reproduire la technique de Susi Sie lors d’ateliers récréatifs, en mélangeant simplement des pigments colorés avec de l’huile et de l’eau dans une boîte de pétri, ces récipients plastique utilisés en laboratoire. L’étonnant résultat final est ensuite immortalisé par un appareil photo branché sur le microscope, dans lequel le nouveau Cartier-Bresson en blouse blanche n’aura qu’à insérer sa carte SD.
Expérimenter le light-painting, entrer dans un kaléidoscope géant ou créer une œuvre originale… En sollicitant régulièrement le visiteur, le ‘Perspective Playground’ lui permet de dépasser son simple statut de spectateur pour devenir acteur à part entière de l’exposition. Une opportunité rare qui constitue l’intérêt majeur de cet événement. De même qu’il garantit aux curieux avides de sensations un inoubliable moment en perspective.
Du mercredi au lundi de midi à minuit.
Tarif réduit à 8 euros pour tous ceux préalablement inscrits via le site web de l'évènement.