Réouverture du musée Picasso / Photo : © TB / Time Out
Réouverture du musée Picasso / Photo : © TB / Time Out

Réouverture du musée Picasso : menu fade à l'Hôtel Salé

Visite du musée en avant-première, avant sa réouverture officielle. Verdict : rien de révolutionnaire, après cinq ans de travaux.

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Vous vous souvenez d'avoir attendu l'arrivée du minidisc comme on attend le Messie - ce truc « révolutionnaire » qui allait vous changer la vie et vous aider à faire le deuil de Kurt Cobain -, sans vous douter qu'il n'allait être qu'une version plus neuve, plus coûteuse et plus ergonomique de votre bon vieil ami le compact disc ? Eh bien la réouverture du musée Picasso, c'est un peu pareil. Beaucoup de bruit, de passions, de luttes d'égos et de fric, pour finalement pas grand-chose. Après cinq ans de travaux, de scandales et de dépenses (publiques) désastreuses, l'Hôtel Salé rouvre enfin ses portes le 25 octobre. On a pu visiter les lieux le week-end dernier en avant-première et, sans vouloir gâcher la surprise, on vous prévient tout de suite : pour un musée qui a coûté une brique, il n'en casse pas beaucoup.

Non pas que l'architecte ait mis les toiles à l'envers, opté pour un éclairage à la bougie et installé des toilettes à la turque pour la pause pipi. Dans l'absolu, la rénovation est plutôt réussie : le musée en ressort plus lumineux, les espaces plus aérés et les murs plus blancs pour accueillir les chefs-d'œuvre du plus sacré des monstres du XXe siècle. Et au fond, c'est tout ce que l'on demande à la plus importante collection d'œuvres de Pablo Picasso : nous permettre de voir les travaux du peintre dans des conditions optimales. Le problème, c'est que son ancienne directrice, Anne Baldassari (évincée en mai dernier et remplacée par Laurent Le Bon), nous avait vendu tout ça comme l'œuvre d'une vie - la sienne, en tant que spécialiste intergalactique de l'artiste -, alors que la succession Picasso nous parlait d'un musée « novateur et d'une grande modernité ». Quand on part de si haut, la chute ne peut être que rude. Loin d'être révolutionnaire, le nouvel accrochage réunit les grands classiques de la collection dans un parcours plutôt lambda, dénué de problématique ou d'explications, et qui fait même parfois des choix étranges dans sa manière de confronter des œuvres réalisées à différentes périodes de la carrière du peintre.

Et Picasso dans tout ça ? On en ressort avec l'impression étrange que, après avoir été absent du paysage artistique parisien pendant toutes ces années, celui qui avait révolutionné la peinture au XXe siècle est définitivement passé de l'autre côté. Du côté de l'histoire et de ses grands maîtres, finalement déconnectés de la création contemporaine. Et muséifiés à tout jamais, selon une approche tout ce qu'il y a de plus classique.

Musée Picasso, 5 rue de Thorigny, Paris 3e.
Week-end d'inauguration : visites gratuites le samedi 25 octobre de 12h à 18h et le dimanche 26 octobre de 9h30 à 18h.

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