Critique

Sacha Goldberger, 'Super Mamika'

3 sur 5 étoiles
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Time Out dit

Reebok montantes, cape synthétique, slip brillant et leggings en lycra : emmaillotée dans son attirail de super-héroïne, Super Mamika, 93 ans, s’accroche aux murs de Bercy Village jusqu’au mois de septembre, dans une série de portraits photos. Rodée à l’art de la mise en scène, elle pose pour l’objectif de son petit-fils Sacha Goldberger depuis plusieurs années, se prêtant au jeu de la parodie avec une gouaille désopilante. Postures sur-jouées à l’appui, Mamika (qui signifie « grand-mère » en hongrois) répare des bagnoles, polit son casque chez le coupe-tif, joue aux boules avec ses super-collègues et grimpe aux immeubles de New York pour faire son repassage. Toujours dans l’action, elle change de mission comme de justaucorps, la trivialité de ses gestes de mère-grand se trouvant souvent en parfait décalage avec son habit, son allure et la résolution impeccable de l’image. Lorsqu’elle ne s’envole pas dans les rues de la Grosse Pomme, Mamika arrose ses plantes dans ses vêtements de ville, avant de rejoindre les membres de son improbable clique gériatrique et poilue – Super Papika, Dark Papouka, Beurk le chien – pour d’autres aventures inspirées des comics américains.

Autant dire que, pour remonter le moral de sa grand-mère, lui offrir une piquouze de jeunesse et infuser sa vie de fantaisie, le photographe français est toujours prêt à en faire des caisses, quitte à se complaire dans le cliché et surdoser la dérision. Et c’est là tout le plaisir farfelu que procurent les photos de Goldberger – aussi drôles que touchantes, stéréotypées et décomplexées. Kitsch à souhait, son univers déborde de tendresse et d’ironie. Son esthétique, lisse, ultra-stylisée, presque plastique, trahit sa formation de photographe publicitaire pour mieux envelopper l’ensemble d’un voile de fiction. Alors tant pis si les saynètes qui ponctuent cette exposition gratuite, organisée par la galerie Sakura dans les passages extérieurs de la cour Saint-Emilion, sont plutôt prévisibles, parfois même poussives (ah, les références grasses à ‘Star Wars’), et laissent un arrière-goût de déjà-vu. C’est le prix à payer pour saboter la tyrannie du jeunisme – à l’aide d’un peu de vieillesse, de lycra et de poudre de perlimpinpin.

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Entrée libre
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