Tamara de Lempicka, c'est le parfum d'une époque. Celle de l'entre-deux-guerres, soucieuse d'oublier – dans les excès, la superficialité, le plaisir et le divertissement – l'horreur de la Première Guerre mondiale. Mondaine, ambitieuse, riche, extravagante, bisexuelle, Tamara de Lempitzki la Polonaise, débarquée en France peu après la Révolution d’Octobre, devient rapidement une icône parisienne, imprimant sur la décennie 1925-1935 sa peinture influencée autant par Ingres que par les avant-gardes cubistes ou les aplats de couleur d’un Malevitch. La patte Lempicka, c'est cette utilisation, dans un cadre classique, d'un vocabulaire outrageusement moderne, marqué par la photographie (pour les éclairages), le cinéma (pour les silhouettes garçonnes de Louise Brooks), la publicité (pour les compositions) et la mode (pour les robes de créateurs dont elle affuble ses modèles).
Pendant quelques années, la « reine de l'art déco » capte le Zeitgeist de cette période effervescente à coups de toiles accrocheuses, dominées par ces créatures massives à la chair lisse comme de la céramique, moulées comme des poupées en plastique, froides, parfaites, les lèvres écarlates portées comme un étendard. Une ode à la femme moderne, comme un écho aux formes lisses de l'acier et du béton qui envahit les villes (‘Nu aux buildings’).
Malheureusement, l'exposition de la Pinacothèque peine à être aussi vivifiante que les tableaux qu'elle dévoile. Le parcours est chaotique, l'ordre des salles parfois incompréhensible. Certaines œuvres, anecdotiques, ou certaines étapes (comme l'histoire de la relation tumultueuse entre Lempicka et D'Annunzio) paraissent superfétatoires, déconnectées du propos. Restent tout de même une poignée de chefs-d'œuvre, dont certains n'avaient pas été exposés depuis des décennies comme ‘Sa tristesse’ (1923), récemment retrouvé, pour justifier d'aller s'enivrer dans le tourbillon des Années folles.
Time Out dit
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- De 10 à 13,50 €
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