Le Zorba fait partie des mythes de la capitale. S'il ressemble à première vue à un classique troquet, il suffit d'un petit tour dans cette institution bellevilloise pour plonger façon saut de l'ange dans une faille spatio-temporelle, à base d'ambiance parisienne comme on n'en fait plus, de soirées qui n'en finissent pas et certains des meilleurs concerts du moment.
Le Zorba, et c'est sans doute ce qui explique cette atmosphère si particulière, ce sont des horaires étirés au possible avec une ouverture tous les jours de 5h – 7h le week-end – à 2h du matin. On y croise autant les vieux du quartier jamais avares en ragots, les commerçants qui lèvent le store que des gens juste venus profiter de la petite terrasse. Le Zorba est aussi devenu le fief des chineurs d'afters, qui profitent de son ouverture plus que matinale pour repousser toujours plus loin l'heure du coucher. Mais la guinche au Zorba n'est pas seulement rythmée par ses excès, puisqu'on retrouve également dans la cave une magnifique programmation de concerts imaginée par Michèle Santoyo Albertini du collectif Doxa Esta, entre fine fleur du rock indé et expérimentations électroniques toujours bien senties.
Pour ce qui est des tarifs du bar, ils sont tout aussi raisonnables pour des alcools plutôt de qualité. Alors certes, l'odeur est parfois un peu douteuse, vaguement alcoolisée, et le Formica des tables très usé, mais l'ambiance est festive, grâce notamment à une équipe de barmans toujours de bonne humeur. Le Zorba est un mythe en même temps qu'une expérience : à tenter au moins une fois.