C’est un bar de Belleville qui a une sacrée gueule d’atmosphère, un rade communard au zinc buriné par dix générations de coudes assoiffés. L’Orillon, avec ses palimpsestes de vieilles fresques au mur, son sol mosaïqué et sa relique de cabine téléphonique, vient d’être repris par la fine équipe de Florent Ciccoli, talentueux tenancier de cantoches (Café du Coin, Recoin). Leur projet ? Ce qu’ils savent faire de mieux : des bouclards de quartier où l’on mange diablement bien, de saison et à prix copain.
L’autre midi, le menu entrée-plat-dessert à 22 € commence par une pimpante compo de moules, haricots verts et figues en baignade dans un lait ribot, joyeusement poudrée d’épices. Se poursuit par une gracile gamelle de cochon rôti, chou pointu pourpre attendri, raisin, shiitakés et salsa verde. Et se conclut par une crème renversée à la feuille de figuier et pêche jaune hautement ménagère. Cinquante minutes de kif pur et simple ourdies par le cuistot Hugo Giudicelli dans un décor plus parigot qu’un accordéon avec un béret.
La serveuse garnit aussi des sandwichs jambon-beurre à l’ail de toute bonté ; le comptoir couve ses œufs durs (rare !), et le soir, les assiettes se font échangistes (sucrine-gorgonzola-pêche ; aile de raie-cocos de Paimpol…). On y boit une bulle blanche-rouge (blouge) de chez Robinot (7 € le verre) parmi une tripotée de vins naturels, mais aussi de la bière Deck & Donohue et de bons softs UMÀ. C’est de l’or en bar !