Il en est des troquets comme de la musique ou de la mode. A chaque été son tube musical, à chaque belle saison sa boisson fétiche. A chaque année son accessoire fashion, à chaque révolution de la Terre autour du soleil son concept de bar phare. Après le rosé pamplemousse en 2013 et le Spritz en 2014, de quelles bulles et quelles teintes cette rentrée 2015 sera faite ? Trois grandes tendances se dessinent depuis quelque temps et devraient donner le ton de cette nouvelle saison : les bières artisanales, les bons vins de petits producteurs et les alcools vintage. En un mot : le retour aux traditions et au local.
Chauvinisme...
Conservatisme, chauvinisme ? Il est vrai que le Parisien se tourne de plus en plus vers des boissons hexagonales, comme en témoigne le retour sur le zinc des vieux alcools français, illustré par l'effervescence des comptoirs à cocktails à l'ancienne. Quoi de plus cool aujourd'hui que de commander une Suze ou une eau-de-vie de poire ? La multiplication des bars et caves à vins (où l'on se défoule d'ailleurs sur des planches de charcuterie et de fromage de chez nous ou de chez nos voisins latins) illustre également bien cette renaissance des breuvages vieille France.
Mais la tendance la plus flagrante de ces derniers mois reste le retour dans la capitale et en banlieue de nombreux brasseurs artisanaux. Un phénomène qui n'est pas pour déplaire aux amateurs de bonnes mousses que nous sommes, heureux de troquer nos tristes demis d'Amstel contre de savoureuses Montreuilloise, Parisienne, Levalloise ou Batignolle... L'engouement est tel que de nouvelles recettes voient le jour chaque semaine, et de nouvelles caves ou bars à bières se lancent chaque mois ; il faut dire que la demande est largement au rendez-vous, et les passionnés qui montent leur petite affaire l'ont bien compris. Cerise sur le gâteau, la boisson maltée trouve maintenant sa place dans la gastronomie (voir aussi les tendances food de la rentrée). L'ouverture d'un restaurant « biéronomique » au sein du bar La Fine Mousse, « dédié aux accords mets et bières artisanales », illustre au mieux cette nouvelle vague. A quand un sommelier spécialisé en bières à la Tour d'argent ?
... Ou soif de qualité ?
Au final, c'est certainement davantage par souci de qualité que l'on se tourne en ce moment vers les productions de nos régions (bon, OK, peut-être aussi par snobisme). Le bio, le consommer local et responsable ne se limitent plus à la seule nourriture et touchent désormais la (lucrative) sphère de la boisson et du loisir. Ajoutez à cela le design séducteur de ces nouvelles bouteilles, et vous tenez la recette du succès de ces vrais faux breuvages de grands-pères.