Guide du film de science-fiction : n°20 à 11

Les 50 meilleurs films de science-fiction

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Star Wars (1977)
Star Wars (1977)

Film de science-fiction de George Lucas, avec Mark Hamill, Carrie Fisher, Harrison Ford et Peter Cushing

La grande idée : réaliser un grand film d’heroic-fantasy rempli de droïdes, d’hyperespace et de sabres-laser avec les moyens d’un modeste film de cape et d’épée.

La réplique : « Toutes ces croyances à la noix et ces armes démodées, ça ne vaut pas un bon pistolaser. »

Une galaxie pas si lointaine
Chef-d’œuvre d’ingéniosité et de créativité, ‘Star Wars : un nouvel espoir’ est, avant toute question de réussite commerciale, le succès d’un réalisateur ingénieux. Ce premier volet de la saga familiale des Skywalker, tourné avec un budget ridicule par un réalisateur de films indépendants, projeté aux producteurs rehaussé d’images de films de guerre faute d’effets spéciaux pour la grandiose séquence finale, n’aurait, sur le papier, jamais dû rencontrer un tel succès. Avant sa sortie, George Lucas lui-même ne croyait plus en cette épopée de cape et d’épée complètement bricolée qui deviendra finalement le premier blockbuster à parcourir l’hyperespace. Un tel succès, bien sûr, n’aurait jamais pu voir le jour sans une profondeur d’écriture insaisissable au premier abord. Citant Kurosawa à de multiples reprises, s’inspirant de Tolkien et de HG Wells pour créer l’ensemble de personnages et de machines parcourant son monde merveilleux, Lucas poussera l’immersion à un degré tel que l’ordre Jedi est aujourd’hui reconnu comme la sixième religion d’Angleterre. Une preuve de plus du succès du film bien au-delà des chiffres. Seul Lucas y trouvera finalement à redire, voire à maugréer. Peiné par tant de difficultés à mettre son film en boîte, le réalisateur ne touchera plus une caméra jusqu’au tournage de l’épisode I en 1999.

  • Cinéma
  • Epouvante-horreur

Film de science-fiction de John Carpenter, avec Kurt Russell, Wilford Brimley et Keith David

La grande idée : un alien à l'apparence humaine, ça n'a rien de neuf. Mais celui-ci se métamorphose comme personne d'autre.

La réplique : « La confiance met du temps à s'installer, ces temps-ci. »

La chose venue du froid
Parmi le cortège de possibilités alléchantes qu’un voyage dans le temps pourrait permettre, on se dit qu'on aimerait bien profiter d’un détour pour aller dire au John Carpenter de 1982 qu'un jour, son nouveau film serait à la fois reconnu comme l’un des plus grands films de science-fiction et d'horreur jamais réalisés. Car comme nombre de futurs classiques, ‘The Thing’ fut d'abord boudé, critiqué comme un vague clone d’’Alien’, plus intéressé à repousser les limites des effets spéciaux. La réception du film fut donc un flop désastreux, menaçant la réputation de Carpenter, pourtant alors reconnu comme maître de l'horreur. Mais avec le recul, cette angoissante histoire de mal intérieur et de créature métamorphe, perdue dans l'environnement inhumain de l'Antarctique, en est arrivée à poser certains des jalons essentiels du cinéma de SF et d'angoisse contemporain.

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Solaris (1972)
Solaris (1972)

Film de science-fiction d'Andreï Tarkovski, avec Natalia Bondartchouk, Donatas Banionis et Jüri Järvet

La grande idée : l’intelligence extra-terrestre pourrait ne pas avoir la forme que nous imaginons. Et ses intentions dépasser de loin notre compréhension.

La réplique : « Nous ne voulons pas d’autres mondes, nous voulons un miroir. »

L’espace mental
Si elle inspira en 2002 un remake à Steven Soderbergh, cette adaptation mélancolique du roman futuriste de Stanislas Lem par Andreï Tarkovski est également souvent rapprochée du ‘2001, l’Odyssée de l’espace’ de Stanley Kubrick. On y suit Kris Kelvin (Donatas Banionis), un scientifique désespéré, hanté par la mort de sa femme. Après un prologue halluciné à travers une métropole d’un autre monde, Kelvin séjourne à bord d’une station spatiale en orbite autour de la planète Solaris – qui aurait apparemment le pouvoir de ressusciter les morts. Mais au moment où son épouse (Natalia Bondartchouk) réapparaît mystérieusement, les événements prennent une tournure de plus en plus étrange. Moins intéressé par les règles du genre que par la création d’une atmosphère profondément suggestive, la maître du cinéma russe livre une œuvre unique sur l’amour, le deuil et la mémoire.

  • Cinéma
  • Drame

Film de science-fiction d'Alfonso Cuarón, avec Clive Owen, Julianne Moore et Michael Caine

La grande idée : et si l’humanité devenait inexplicablement stérile ?

La réplique : « Votre enfant est le miracle que le monde entier attendait. »

Baby shower
Impossible de regarder ‘Les Fils de l’Homme’ sans un sentiment trouble, à la fois cauchemardesque et familier. Le Londres qu’il dépeint en 2027 ressemble à s’y méprendre à celui d’aujourd’hui, en juste un peu plus sale, moche et lugubre. Réalisé par l’ambitieux Alfonso Cuarón d’après le roman de PD James, ce thriller socio-politique montre Clive Owen dans un futur dystopique où les humains, malgré leurs efforts, ne parviennent plus à se reproduire. La réussite du film tient notamment à la manière dont Cuarón filme son récit comme un reporter de guerre, avec un réalisme à couper le souffle.

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  • Cinéma
  • Fantastique
La Jetée (1962)
La Jetée (1962)

Film de science-fiction de Chris Marker

La grande idée : une poésie multidimensionnelle sur un simple (mais puissant) ensemble de diapositives.

La réplique : « Rien ne distingue les souvenirs des autres moments : ce n’est que plus tard qu’ils se font reconnaître, à leurs cicatrices. »

Monument minimal
Pour quiconque s'intéresse au cinéma, à la vidéo ou la photo (en un mot, aux images), le dispositif de 'La Jetée' se révèle immédiatement passionnant : une série d'images fixes, de photos noir et blanc, sont projetées sur l'écran comme des diapositives, tandis qu'une voix-off narre la formidable fable d'anticipation qu'elles illustrent. Or, ce parti pris radical et a priori austère, cette définition ultra minimale d'un cinéma dépourvu de mouvements, c'est précisément ce qui donne au film sa densité méditative et sa formidable ouverture. Entre philosophie et poésie, ce petit chef-d’œuvre de 29 minutes est impossible à résumer. Et si réaliser un film de science-fiction aussi novateur et profond, à partir de simples diaporamas et d'un texte était un pari risqué, la forme de 'La Jetée' apparaît pourtant comme une évidence, mieux adaptée à son récit que les effets spéciaux de 'L'Armée des douze singes" (pour lequel Terry Gilliam s'inspira ouvertement du film de Marker, sans jamais tout à fait tenir la comparaison). Enfin, inutile d'en dire plus : 'La Jetée' est un court métrage suffoquant de beauté et une leçon de cinéma incontournable, qui, à plus de 50 ans, n'a pas pris une ride.

Interstellar (2014)
Interstellar (2014)

Film de science-fiction de Christopher Nolan, avec Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Jessica Chastain et Michael Caine

La grande idée 
: exploiter le concept des « trous de ver », permettant de passer d’un espace-temps à un autre à travers le cosmos.

La réplique : « On avait l’habitude de regarder le ciel en nous interrogeant sur notre place parmi les étoiles. Maintenant, on baisse les yeux en nous demandant où nous situer dans la crasse. »

L’Odyssée de l’espèce
S’il peut paraître étrange de retrouver ‘Interstellar’ parmi ces 50 meilleurs films de science-fiction alors qu’il vient tout juste de sortir, c’est que le film de Christopher Nolan s’impose immédiatement comme un classique du genre, foisonnant et assez old school (refus de la 3D et des fonds verts, abondance de décors naturels, etc.). Visuellement admirable, sous la double influence de Kubrick (‘2001’) et de Tarkovski (‘Solaris’, en particulier) avec des bouts d''Alien' et 'Star Wars' dedans, ‘Interstellar’ reste avant tout un film de Christopher Nolan, où l'on retrouve tous ses thèmes de prédilection, à commencer par une mélancolie sourde et par la question de la filiation, de la trace laissée à ses proches, en particulier à ses enfants. Alors, peut-être y a-t-il trop de dimensions dans ‘Interstellar’… Mais au fond, ça tombe bien, puisque c’est toute la question du film (eh oui, ceci est bien un jeu de mots sur la physique quantique). Sans doute l'un des derniers classiques de la SF pour ce monde-ci. Lire la critique complète.

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Moon (2009)
Moon (2009)

Film de science-fiction de Duncan Jones, avec Sam Rockwell, Robin Chalk et Kevin Spacey

La grande idée : personne n’est irremplaçable, même sur la Lune.

La réplique : « J’espère que la vie sur Terre est vraiment telle que tu t’en souviens. »

Science-fiction de poche
Pour un premier film, ‘Moon’ a tout du coup de maître. Son père David Bowie faisait déjà voyager ses fans vers de lointaines contrées dans ‘Space Oddity’ et ‘Ziggy Stardust’ ; Duncan Jones poursuit l’odyssée avec ce long métrage de SF minimaliste et intimiste. De la « SF de poche », pourrait-on dire, qui fait beaucoup avec peu : des moyens limités pour un long métrage situé dans l’espace (5 millions de dollars seulement), un acteur principal et presqu’unique. Mais voilà, Jones a de bonnes idées, dont celle de donner le premier rôle à l’impressionnant Sam Rockwell. Ou plutôt aux Sam Rockwell. Employé par l’entreprise Lunar pour extraire de la matière première sur la Lune, Sam Bell souffre de l’isolement et de l’éloignement d’avec sa famille. Il attend patiemment la fin de sa mission et son retour sur Terre, avec pour seul compagnon un robot à son service. Dès les premières minutes, calmes et comme en apesanteur, l’atmosphère ouatée nimbe le film d’un halo d’irréalité. L’empathie envers le sympathique Sam est immédiate, et si l’on pense inévitablement à ‘2001’, ‘Moon’ évoque étrangement un autre Kubrick : ‘Shining’, cette fois transposé sur la Lune, avec une folie qui ne peut jamais vraiment s’exprimer, et personne à assassiner. Froid, captivant et redoutablement bien mené, ‘Moon’ est une excellente alternative à la SF tapageuse et démonstrative.

  • Cinéma
  • Science-fiction
Matrix (1999)
Matrix (1999)

Film de science-fiction d'Andy et Larry Wachowski, avec Keanu Reeves, Laurence Fishburne et Hugo Weaving

La grande idée : la question existentielle n’est plus de savoir quel est le sens de la vie, mais si celle-ci n’est pas une simple illusion.

La réplique : « N'envoyez jamais un humain faire le travail d'un programme. »

Et si on se tirait dessus au ralenti ?
Le bug de l’an 2000 a beau être l’une des angoisses les plus risibles de l’histoire de l’humanité, il sied au film ‘Matrix’ comme un gant en néoprène noir, c’est-à-dire près, très près du corps. Ultime expression de la paranoïa humaine, point culminant du cyberpunk numérique, ce film de cyber-action des frères Wachowski, mené tambour battant par un Keanu Reeves plus rapide que les balles de ses adversaires, ne fait pas que questionner le sens de la vie. Il en interroge son existence même. Mélangeant kung-fu en combinaison de latex noire, effets spéciaux briseurs de colonnes vertébrales, peur phobique des nouvelles technologies sur un fond vert fluo de techno industrielle sans saveur, ‘Matrix’ se révèle être, en compagnie de ‘Fight Club’, le film ultime de la fin des années 1990 ; daté, certes, mais toujours extrêmement jouissif à revisionner. Ses suites ont beau l’avoir totalement ridiculisé en faisant notamment apparaître Wilson Lambert au générique, ‘Matrix’ fut, pendant au moins quatre ans, l’image unanimement partagée comme étant celle du futur.

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  • Cinéma
  • Epouvante-horreur
La Mouche (1986)
La Mouche (1986)

Film de science-fiction de David Cronenberg, avec Jeff Goldblum et Geena Davis

La grande idée : le télépode  le futur de la téléportation à condition que son créateur résolve quelques bugs...

La réplique : « Je suis un insecte qui a rêvé qu'il était un homme. Mais désormais le rêve est fini, et l'insecte bien là. »

Bzzzzzzzzz...
Délirante reprise par David Cronenberg d'un canevas de la science-fiction (où un scientifique voit ses expériences de téléportation se solder par un vilain quiproquo génétique), 'La Mouche' n'est pas seulement un film d'horreur fantastique des plus élégants : c'est aussi l'une des histoires d'amour les plus tragiques du septième art. La relation, charmante, hésitante, magnifiquement écrite, entre Jeff Goldblum et Geena Davis, commence en effet comme une fragile romance du cinéma classique… ce qui ne rend que plus atroce la dégradation physique et mentale à laquelle le film va peu à peu soumettre Goldblum. Aussi, entre les mains de Cronenberg, la maladie génétique devient-elle une puissante métaphore de tout mal intérieur imaginable, qu'il s'agisse du cancer, du sida, de la vieillesse, ou encore de l'amour perdu, du désespoir sentimental… Superbe, écœurant, exaltant, sauvage, inspirant et inspiré, 'La Mouche' est un film humaniste et paradoxal, dont l'humain lui-même tend à disparaître. Et c'est aussi certainement l'une des plus grandes réussites de son réalisateur, alors à l'apogée de son art.

Planète interdite (1956)
Planète interdite (1956)

Film de science-fiction de Fred M. Wilcox, avec Walter Pidgeon, Anne Francis et Leslie Nielsen

La grande idée : aussi développée que peut être une civilisation, elle finit toujours par courir à sa propre perte.

La réplique : « Qui aurait cru que sa cervelle de singe contiendrait les secrets des Krell. »

Freud et Shakespeare mis en orbite
Librement inspiré de ‘La Tempête’ de Shakespeare, ‘Planète interdite’ fut, en 1956, le premier film de science-fiction hollywoodien à s’extirper de la série B comme « Bêtement anticommuniste ». Et il existe tellement de différences entre ce film et ses contemporains, que l’on peine à croire que celui-ci sortit si tôt. De la race alien télépathe disparue sous ses vertigineuses ambitions à l’homme consumé par sa passion pour Freud incapable de laisser sa fille grandir, ‘Planète interdite’ a su renvoyer toutes les productions contemporaines et leurs scénarios bancals au statut de simples coups d’essai. Egalement porté par une bande-son expérimentale, des effets spéciaux particulièrement réussis pour l’époque et une ironie de tous les instants incarnée par le robot Robbie (« Sorry, miss. I was giving myself an Oil-Job. ») et son équipage de spationautes lassés, le film finira par résister comme rarement à l’épreuve du temps dans un genre très vite daté. Mieux que son interprète principal, Leslie Nielsen, qui adoptera le costume de Pierre Richard nord-américain dans la série des ‘Y a-t-il un pilote dans l’avion ?’.

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