'Rencontres du troisième type' (1977) de Steven Spielberg, avec Richard Dreyfuss, François Truffaut et Melinda Dillon
La grande idée : faire de la nature humaine un spectacle de SF haletant
La réplique : « On ne va quand même pas me dire que c’est un coup de lune, ça ! »
Premier contact avec l’humain
A tous ceux qui ne croiront jamais en un esprit supérieur barbu niché quelque part dans les nuages, l’hypothétique découverte d’une forme de vie extra-terrestre représente l’expérience la plus proche ce que l’illumination déistique peut-être, et ‘Rencontres du troisième type’ ce qu’il y a de plus près de l’Ancien Testament. En tout premier lieu pour Spielberg lui-même, qui n’a eu de cesse d’utiliser ses films comme terrains d’expérimentation de sa propre foi.
Toute la magie de ce film réalisé par un Steven Spielberg à peine trentenaire réside précisément dans cette volonté de créer un spectacle pareil à une grande messe, sans violence, tout en exacerbation des sentiments humains. ‘Rencontres du troisième type’ joue d’affects simples, comme l’émerveillement ou la découverte de l’autre, là où la science-fiction classique s’épuise en tours de passe-passe bon marché pour créer le spectacle. Spielberg n’est pas le « roi du divertissement » pour rien, quoique ce titre lui fut honorifiquement donné pour des productions bien plus naïve, comme le tout de même génial ‘E.T. l’extra-terrestre’.
Là réside précisément la seconde grande force de ‘Rencontres du troisième type’. Loin de la trop grande candeur de ses réalisations précédentes, le film réussit à montrer le meilleur de l’humain sans en cacher le pire. La présence de Truffaut n’y trompe d’ailleurs pas, et aucun personnage dans le cinéma américain des années 1970 ne ressemble autant à l’infantile Doinel que Neary, le traducteur du professeur Lacombe (François Truffaut), capable d’abandonner sa femme comme seul Léaud chez Truffaut pouvait le faire. Le réalisateur a d’ailleurs avoué penser que plus personne n’oserait, dans le milieu hollywoodien, oser faire tenir un pareil comportement à son personnage principal. Bouleversant, le personnage interprété par Richard Dreyfuss l’est au moins autant que la bande-son de John Williams, base de montage du film par Spielberg, ou la messianique arrivée du vaisseau, merveille d’effets spéciaux si révélatrice de ce qui fait de 1977 la plus grande année de la science-fiction au cinéma.