Benh Zeitlin : voilà assurément un nom dont il va falloir se souvenir. A tout juste 30 ans, le jeune New-Yorkais, tombé amoureux des paysages de la Louisiane, livre avec ce premier long métrage une odyssée fantastique, foisonnante et solaire. La narration y épouse le point de vue de Hushpuppy (Quvenzhané Wallis), pétillante gamine de 6 ans qui affronte, aux côtés de son père (Dwight Henry), la crue apocalyptique du bayou où ils résident. Or, précisément, toute la puissance du film tient à cette focalisation, à l’innocence de ce regard, qui ramène systématiquement le spectateur en enfance, où le rêve, la réalité, les fantômes, les éléments naturels et des mastodontes préhistoriques forment une symphonie étonnamment cohérente et singulière. La mort, la transmission filiale, le rire, la communauté, le souvenir, la fin du monde ou sa genèse : de multiples thèmes, costauds et ambitieux, traversent le film, sans pourtant jamais en alourdir la féerie. Au contraire, ils la densifient, fécondant le merveilleux des images par de lyriques envolées philosophiques, panthéistes ou poétiques. Emouvant et baroque, drôle et inventif, affectionnant les ruptures de ton, tout en développant une identité visuelle parfois virtuose, le conte de Benh Zeitlin restera certainement l’ultime bonne surprise cinématographique de 2012. Un peu comme si Terrence Malick avait pris un sérieux bon coup de jeune. Plutôt réjouissant.