Rex Club
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Les clubs les plus mythiques de l'histoire de Paris

Time Out sort la machine à remonter le temps pour vous faire bourlinguer dans les clubs les plus cultes de Paris. Hashtag nostalgie !

Antoine Besse
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En attendant de refaire la fête autrement qu'à nos fenêtres ou nos balcons (pour les plus VIP), voici une sélection éminemment subjective des lieux qui ont marqué la nuit parisienne sur plus de 70 ans de bamboches sans geste barrière, de danse collé-serré sur du be-bop, du disco ou de la minimale, de mélange des genres et des gens confinant au sublime.

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Les clubs les plus cultes de Paris (par ordre chronologique)

Le Tabou

Année d’ouverture : 1947
Adresse : 33 rue Dauphine, 6e
Un morceauBoris Vian et ses frères "Sheikh of Araby"

C’est dans ce minuscule bar de nuit snobé, un temps, par les écrivains du Flore, que, le 11 avril 1947, est née la scène nocturne de Saint-Germain-des-Prés. Un jeune dandy, Frédéric Chauvelot, convainc les propriétaires d’installer un club dans leur cave laissée à l’abandon. Les Zazous, bien décidés à vivre à fond ce Paris d’après-guerre, y dansent, s’envivrent, se draguent sur le be-bop de Boris Vian dans une atmosphère d‘étuve saveur nicotine. Quand elle ne chante pas, Juliette Gréco joue le rôle de physionomiste sans pitié en haut des marches. Sous les voûtes noircies, Yves Montand croise Simone de Beauvoir ou Miles Davis… Si le mythe a traversé les décennies, la folie ne dura qu’un an, les noceurs filant dès 1948 au Club Saint-Germain du même patron. L’adresse abrite aujourd’hui le très chic café d’un très chic hôtel.

Le Golf-Drouot

Année d’ouverture : 1955
Adresse :2 rue Drouot, 9e
Un morceau : Eddy Mitchell & Les chaussettes noires - Eddy sois bon

Ce salon de thé ouvert en 1955 au-dessus du classieux Café d’Angleterre (maintenant le terne McDo du boulevard Montmartre) avait deux atouts : un minigolf de 9 trous qui lui a donné son nom et un barman fou de rock américain, Henri Leproux, qui en a fait une légende. Bazardant club et porcelaine pour y monter une scène dès 1960, le Golf-Drouot a été le temple du rock pour tous les baby-boomers avides de son pendant vingt ans. Bowie, les Who, Eddy Mitchell, Johnny Halliday, les Dogs, mais aussi des centaines d’inconnus se sont produits dans la petite salle surchauffée. Après les concerts, le premier disc-jockey rock enchaînait les tubes à guitares. La vague disco aura la peau du Golf-Drouot, qui ferme en novembre 1981.

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Le Sept

Année d’ouverture : 1968 
Adresse : 7 Rue Sainte-Anne, 1er
Un morceau : Grace Jones - La Vie En Rose

Le Sept fut le tout premier lieu tenu par Fabrice Emaer. Vu de l’extérieur, ce club gay n’avait rien d’extravagant. Une petite porte noire, une sonnette, et un physio à moustache pour vous ouvrir l’antre du paradis (et du disco). A l'intérieur ? Des femmes sublimes, comme les mannequins de Saint Laurent (lieu est d'ailleurs reconstitué dans le film Saint Laurent de Bertrand Bonello) qui accompagnaient le couturier, des artistes british adepte de la déglingue (Jagger ou Bowie) et des gigolos et des bandes de jeunes punk... Tout s’agglutinaient dans l'espace très étroit et tout en longueur, où les populations se mélangeaient à la haute, pour se retrouver dans un lieu ouvert au trash, à la débauche, et novateur dans sa scénographie et sa musique : néons de couleur au plafond, et soul, funk et disco mixée par Guy Cuevas, pionnier dans l’importation de musiques noires à Paris. Le Sept fut donc le premier endroit où la disco fut jouée, et Grace Jones y aurait eu l’idée de sa version de La Vie en rose. Fabrice Emaer, ayant la folie des grandeurs, ouvre parallèlement le Palace, et finit par fermer le Sept en 1980. 

Le Palace

Année d’ouverture : 1978  
Adresse :8 rue du Faubourg-Montmartre, 9e
Un morceau : D C Larue - Forces Of The Night

Installée dans un ancien théâtre, cette boîte ouverte en grande pompe le 1er mars 1978 était immense. Plus de 2 000 personnes pouvaient y rentrer… et presque autant attendre dehors ! Fabrice Emaer, le charismatique patron, revenu tout chamboulé de New York, voulait pour Paris un lieu capable de concurrencer le mythique Studio 54. Résultats : des décors grandioses, des lasers à gogo, du disco à fond (avec Guy Cuevas aux platines) et des budgets déments (Emaer avait fait venir des culturistes américains par avion pour une unique soirée). Sous la boule à facettes, la piste de (déca)danse mélangeait stars et anonymes, prolos et bourgeois, gays et hétéros. En 1980, la belle idée de mixité fit long feu avec l’ouverture dans le sous-sol du kitschissime Privilège, carré super-VIP. Le décès brutal d’Emaer en 1983 signe le lent déclin du club. Après des années à prendre la poussière entre 1996 et 2008, il se transforme de nouveau en théâtre. Le Petit Palace, un club branché, occupe l’ancien Privilège.

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Les Bains Douches

Année d’ouverture : 1978  
Adresse : 7 rue du Bourg-l'Abbé, 3e
Un morceau : Marquis de Sade - Wanda's Loving Boy

En 1978, à l’opposé de la flamboyance du Palace, les Bains Douches misent sur le minimalisme froid, présageant la bise glacée de la new wave qui va balayer les paillettes du disco. Le jeune designer Philippe Starck préserve l’esprit de ces anciens bains publics (bassin, faïence, mosaïque au sol) et dispose des stores et de vieux projecteurs de cinéma. Les jeunes gens modernes à épaulettes (qui arrivent à passer la barrière de l’intraitable physio Marie-Line) viennent s’ébrouer dans la joie communicative des mélopées synthétiques de Depeche Mode ou des guitares tourmentées de Joy Division. Jusqu’en 1990, les Bains restera l’insubmersible rendez-vous de la « jet C » : stars, demi-mondains, artistes, publicistes en goguette… Mais les années 2000 verront le bling migrer ailleurs et le club tomber lentement en ruines avant de devenir un hôtel de luxe. Le sous-sol fait encore office de (modeste) club.

Le Boy

Année d’ouverture : 1988  
Adresse : 6 rue Caumartin, 9e
Un morceau : Joe Smooth - Promised Land

En 1988, Philippe Fatien, futur patron du Queen, cherche un endroit où installer sa boîte. Il se rabat sur l’ancien Rose Bonbon, cabaret punk caché sous l’Olympia où ont vociféré entre 78 et 83 Bauhaus, Taxi Girl ou Oberkampf. Tournant résolument le dos aux guitares, le Boy et sa façade en simili-marbre s’imagine comme un Paradise Garage parisien, soit un lieu ouvertement gay, puissamment hédoniste et… complètement électronique. Extravagante drag-queen, costaud moulé dans un marcel en Lycra ou modeste effacé, tout le monde se retrouve noyé sous la mousse (une nouveauté à l’époque) ! Aux platines, Laurent Garnier rythme cette nouvelle fierté avec les musiques inventées à Detroit et Chicago, la house et la techno qui ne vont pas tarder à tout envahir. Le Boy ferme brutalement en 1991. Mais la fête ne fait que commencer.

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Le Queen

Année d’ouverture : 1992 
Adresse : 102 avenue des Champs-Elysées, 8e
Un morceau : The Tom Wilson Project - Techno Cat

En 1992, ce sont les gays qui donnent le tempo de la nuit à Paris, et c’est au Queen que ça se passe. On y retrouve une bonne partie de l’équipe qui a fait ses armes au Boy, notamment David Guetta, ici en charge de la direction artistique. Dans un décor baroco-indus (mais qui se souciait des angelots ou des balustrades ?), la programmation explore toutes les facettes de la house et de la techno avec des soirées gays déglinguées (comme les dimanches soir cornaqués par Galia Salimo, transsexuelle haute en couleur). Entre 1996 et 1999, Jérôme Viger-Kohler, Frédéric Agostini et David Blot, trois fêtards amateurs de garage, lancent les soirées Respect les mercredis, véritable labo festif de la French Touch où Cassius, Daft Punk et Dimitri From Paris ont leur rond de serviette. Le clubbing gay s’érodant, le Queen glisse lentement dans l’anonymat jusqu’à une fermeture en catimini en 2018.

Le Rex Club

Année d’ouverture : Club à partir des années 70 
Adresse : 5 boulevard Poissonnière, 2e
Un morceau : Laurent Garnier - Wake Up

Durable Rex : la musique résonne dans les entrailles carmin de ce cinéma Art déco depuis 1932 ! D’abord dancing chic, puis, à partir des années 70, boîte disco puis rock, la révélation arrive en 1988. Le régisseur de l’époque, Christian Paulet, propose pour les mardis une soirée « Jungle », spécialisée dans l’acid house, nouveauté débarquée d’Angleterre et menée par les deux Colin, Faver et Holsgrove. Aux platines vient se greffer DJ Pedro alias Laurent Garnier, qui mixe alors à l’Haçienda de Manchester. Le Rex Club s’impose alors comme le laboratoire de tous les styles : techno de Detroit, house de Chicago (avec les soirées Wake Up de Garnier le jeudi) et hardcore de Francfort côtoient hip-hop (avec le jeune David Guetta) ou rock gothique… En 1995, le Rex bascule en tout électronique épaulé par un système son qui tabasse. Derrick May, Kevin Saunderson, Carl Cox… Rares sont les papes du clubbing qui ne sont pas venus prêcher la bonne parole lors de ces nuits open et pointues !

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Le Pulp

Année d’ouverture : 1997
Adresse : 25 boulevard Poissonnière, 2e
Un morceau : Human League - All i ever wanted (Alter Ego Remix)

Au tournant du millénaire, la fête gay qui animait depuis quinze ans la nuit parisienne s’enlise dans le kitsch et les remix de Mylène Farmer. Les têtes chercheuses de la musique électronique officient désormais au Pulp, un tout petit club rococo (qui fait dancing senior en journée) de filles qui aiment les filles, lancé par Michelle « Mimi » Cassaro en 1997. En 1999, il s’ouvre aux gars (qui savent se tenir) en semaine et va changer pour plusieurs années le clubbing parisien. Guido, futur Acid Arab, électronise les Mercrediz de Fabrice Desprez et Olivier Pilz, et le jeudi (le meilleur soir pour sortir), on se presse pour écouter les mix sombres et vénères de Jennifer Cardini, Chloé, Arnaud Rebotini ou Sextoy. Rachid Taha, ami de Mimi, s’endort souvent sur les banquettes et Yvette la dame pipi se fait aussi vidéaste. Le Pulp restera l’exception punkoïde et libre dans une nuit parisienne alors bien morose et embourgeoisée. Le rideau tombe en 2007 sur les notes du Promised Land de Joe Smooth…

Le Baron

Année d’ouverture : 2004
Adresse : 6 avenue Marceau, 8e
Un morceau : Alain Chamfort - Toute la ville en parle

Depuis 1983, Paris se languissait de retrouver les nuits décadentes du Palace. Il faut attendre octobre 2004 et la transformation, par le graffeur André et le serial fêtard Lionel Bensemoun, d’un boudoir « à hôtesses » pour VRP priapiques en un miniclub pétaradant. Avec sa déco de claque dans son jus, sa sono pas terrible et sa variétoche au kitsch assumé, il tourne le dos à tout ce que cherchent les autres clubs. Et ça marche ! Ceux qui réussissent à passer la porte odieusement difficile s’y amusent comme des petits fous dans un entre-soi stupéfié de la mode, de la pub, du ciné et de la presse, au milieu des crevards sapés et des célébrités fonfons. Chez les noctambules, on doit alors choisir son camp :  pro ou anti-Baron. La hype durera jusqu’en 2016. Le lieu abrite toujours un club, le Medellín.

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Concrete

Année d’ouverture : 2004
Adresse : 69, port de la Rapée, 12e
Un morceau : Antigone - Enter

Qui l’eût cru ? Le renouveau de la nuit parisienne en 2010 se concrétise (haha) par des fêtes qui commencent le matin. Les mousquetaires des afters, Brice Coudert, Aurélien Dubois, Adrien Betra et Pete Vincent, lancent leur fête à rallonge (du dimanche matin à 7h au lundi matin à 2h) en octobre 2011 sur une péniche amarrée en face de Bercy. Au programme : un marathon de danse sur les mix des nouveaux noms de la techno (Marcel Dettmann, Ben Klock, Cabanne) dans une ambiance puissamment berlinoise. Ces horaires hors norme sortent Concrete de l’image strictement club plombée par les années 2000 pour se rapprocher des raves mythifiées par les nouveaux fêtards. Concrete sera le premier club de France à bénéficier en 2017 d’une ouverture 24/24 du samedi minuit au lundi 2h du matin ! L’avidité du propriétaire de la péniche provoquera la fin de l’aventure en 2019, relancée à Dehors Brut quelques semaines plus tard.

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