Les applaudissements ne se mangent pas. Oui, d'accord. Mais à quoi servent-ils ? Derrière ce titre énigmatique et plein de sous-entendus se cache l'un des plus beaux ballets de la chorégraphe française Maguy Marin. Une pièce de danse imaginée en 2002 et inspirée par les rapports de domination et plus particulièrement ceux que subissent les pays d'Amérique latine. « Huit danseurs – huit êtres humains – joueront des états de tension pour essayer d’en dégager ce qui contribue, de la complexité à l’indifférence, à nous faire croire que tel est le destin du monde, un monde où la réussite de quelques-uns fait face à "l’impuissance" de plusieurs milliards d’autres », explique la chorégraphe.
Un sujet complexe et militant qui témoigne des différents courants contradictoires balayant notre société occidentale. Sur scène, dans un espace encadré par des rideaux de lanières colorées, les huit danseurs vont et viennent, se chassent, se fuient, se percutent et s'évitent. Les corps se heurtent, se soulèvent, perdent leur tension. Ils dessinent une chorégraphie collective, précise et aérienne au tempo savamment maîtrisé. Un spectacle de danse-théâtre cadencé au millimètre par l'une des plus grandes chorégraphes de notre époque, Maguy Marin.