Croisé à l'occasion de la sortie de son dernier film, l'émouvant 'Walk Away Renée', Jonathan Caouette a accepté de nous livrer les titres de quelques-uns de ses films français favoris et ses sentiments sur le cinéma made in France.
Pourriez-vous nous dire, spontanément, les titres des films français qui vous ont le plus marqué ?
En fait, il y en aurait pas mal j'imagine : il y a tant de classiques qu'il faudrait vraiment que je m'y plonge pour vous répondre précisément. Néanmoins, je peux vous dire que 'Les Amants du Pont-Neuf' est sans aucun doute un de mes films préférés, toutes nationalités confondues. Il y a aussi 'Au revoir les enfants' de Louis Malle, totalement bouleversant. Dans un tout autre genre, j'ai aussi beaucoup aimé '37°2 le matin'. Béatrice Dalle y est formidable. Enfin, il semble assez évident, presque trop, de citer Godard. Mais 'A bout de souffle' ('Breathless' en anglais) porte toujours aussi bien son titre !
Votre nouveau film a été produit par Agnès b. Est-ce le signe d'un attachement particulier à l'égard de la France ?
Pour être honnête, il s'agit surtout d'un très grand respect que j'ai pour le travail d'Agnès b. C'est une femme audacieuse, touche-à-tout, qui sait s'entourer très naturellement de personnes imaginatives et créatives. C'est quelqu'un de vraiment magnétique, qui m'impressionne beaucoup, et j'étais très honoré qu'elle produise mon film.
Y a-t-il une caractéristique qui, à vos yeux, pourrait constituer l'apanage du cinéma français ?
Au risque de vous étonner, je crois que, davantage encore que les films, c'est le public français qui me paraît le plus remarquable. Comparé aux Etats-Unis, la France est un pays profondément curieux en termes de culture, qui n'a pas peur d'affronter des questions existentielles, ou d'aborder crûment les choses. Je ne sais pas si, de l'intérieur, c'est quelque chose dont vous avez conscience, mais le public français m'est toujours apparu comme l'un des plus réceptifs à l'idée que le cinéma puisse être davantage qu'un simple divertissement. Et cette conception française du cinéma comme un art à part entière est, je crois, quelque chose d'extrêmement précieux.
Il y a quelques instants, vous évoquiez Godard. Il semble que vos films partagent avec les siens - mais peut-être, plus généralement, avec la Nouvelle Vague - une très grande spontanéité lors des tournages. Est-ce là, pour vous, une référence ?
En tout cas, ce n'est pas une référence consciente. Je dirais plutôt qu'il s'agit d'une proximité dans la manière de faire des films, qui consiste à penser que l'histoire se construit véritablement au montage. Dès qu'il y a montage, il y a fiction : ainsi, je ne travaille pas à partir d'un scénario préétabli, mais plutôt sur des moments réels, improvisés, qui me servent de matière première pour construire une histoire. C'est en effet une démarche qui peut évoquer la Nouvelle Vague, à rebours des habitudes de l'industrie, mais qui fait aujourd'hui partie du vocabulaire de nombreux cinéastes indépendants, sans distinction de nationalité.
Nous nous rencontrons ici à Paris. Qu'est-ce que cette capitale évoque pour vous ?
C'est une ville que j'adore, où les gens me semblent ouverts et curieux. C'est très beau et reposant... une capitale à dimension encore humaine. Il faudrait vraiment que je puisse y séjourner un peu plus longtemps, ou que j'y vienne en voyage. J'ai l'impression de ne jamais rester assez longtemps en France. D'ailleurs, j'aimerais beaucoup que ma mère puisse découvrir Paris... vous aurez sans doute quelques activités à nous proposer, n'est-ce pas ?
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