Vous avez choisi, pour vos dix films français favoris, beaucoup d'œuvres tournées vers l'imaginaire : Tati et sa poésie en apesanteur, Cocteau, Borowczyk, Bunuel, Marker, l'animation de Laloux... Trouvez-vous autant votre compte dans le cinéma français d'aujourd'hui ? Ces artistes ont-ils, à votre sens, eu des « descendants » ?
Ce qui me fascine dans les films que j'ai cités, c'est leur magie... C'est la magie dont Méliès fut le pionnier, que je traque. Mais il est vrai que la voie pseudo-réaliste du cinéma français contemporain s'éloigne un peu de ma quête...
Deux de vos films font partie de la liste des 100 meilleurs films français : 'Delicatessen' et 'La Cité des enfants perdus'. Est-ce que cela vous évoque une réaction particulière ? Etes-vous conscient de la place de ces films dans le paysage cinématographique français, ou n'avez-vous pas assez de recul là-dessus?
J'en suis très flatté, mais je n'ai pas grand-chose à dire à ce sujet, effectivement...
Vous n'avez jamais semblé tenté par les Etats-Unis. Y a-t-il une raison particulière à cela ?
On ne m'a jamais proposé de script qui valait vraiment la peine de lui consacrer plusieurs années de ma vie, comme cela se passe là-bas... Mais si un beau projet me passait entre les mains, il est certain que j'y plongerais corps et âme...
Est-ce un esprit propre au cinéma français, à la culture d'ici, qui vous donne envie d'y développer vos projets ? Y a-t-il un « esprit français » dans les films que vous aimez?
Je ne crois pas que ce soit si simple. Au fond, pour moi l'esprit d'un film n'a rien à voir avec sa nationalité... Par exemple, 'Le Guerrier silencieux' de Nicolas Winding Refn réveille en moi « L'Ange du bizarre » cher à Baudelaire... bien que ce ne soit pas un film français.
Y a-t-il des films, considérés comme des succès français, que vous trouvez totalement surestimés, au détriment d'œuvres moins célèbres ?
'Bienvenue chez les Ch'tis' face à 'Enter the Void'... Mais là-dessus, je ne suis peut-être pas tout à fait impartial...
La sélection de films français de Marc Caro: 'Un Chien andalou' de Luis Bunuel, 'Goto, l'île d'amour' de Walerian Borowzyk, 'La Belle et la bête' de Jean Cocteau, 'Yoyo' de Pierre Etaix, 'Les Yeux sans visage' de Georges Franju, 'Chronopolis' de Piotr Kamler, 'La Planète sauvage' de René Laloux, 'La Jetée' de Chris Marker, 'Le Voyage dans la lune' de Georges Méliès, 'Mon Oncle' de Jacques Tati.
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(propos recueuillis par Rurik Sallé)