Poursuivant sa rétrospective autour du film noir, L'Action Christine projette quatre longs métrages essentiels du magistral Samuel Fuller, dont on fêtera le centenaire de la naissance ce 12 août. De quoi jubiler allègrement dans les bas-fonds.
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« Apre » : voilà l'adjectif qui revient immanquablement dès qu'on mentionne le nom de Samuel Fuller. Il faut dire que le cinéaste américain ne faisait pas dans la dentelle : gangsters, prostituées, pickpockets, journalistes... Les personnages de marginaux qui hantent ses films ne semblent jamais vraiment fréquentables. Pourtant, c'est précisément à travers leur fragilité et leur sauvagerie sociale que Fuller, malgré une œuvre en dents de scie, est souvent parvenu à exprimer quelque chose de violemment et profondément humain.
Né d'une famille d'immigrés juifs d'Europe de l'Est, il commence à travailler comme journaliste à l'âge de 12 ans. A 17, il est reporter criminel à New York. Plus tard, pendant la Seconde Guerre mondiale, il se fera soldat dans l'infanterie de l'armée américaine. Autant dire que son expérience de vie aura influencé son écriture de films de genre (polars, guerre, westerns). Scénariste à partir de 1936, il réalise son premier film, 'J'ai tué Jesse James' en 1949, puis 'Le Baron de l'Arizona' l'année suivante, avec Vincent Price. Jusqu'en 1964, Fuller réalise ainsi en moyenne un film par an, avant de voir sa production se tarir dans les années 1970.
Tourné en 1952, 'Violences à Park Row' restera son film-fétiche, celui dont il affirmait se sentir le plus proche : l'histoire d'un journaliste ambitieux, qui, sous certains aspects, pourrait représenter sa version personnelle et auto-fictionnelle de 'Citizen Kane'. Sauf qu'à la différence des classiques d'Orson Welles, les films de Fuller ont pour marque de fabrique leur absence de moyens, renvoyant au style et à l'économie des pulp novels de l'époque : d'où leur caractère brut, direct, sans fioritures. Son œuvre la plus célèbre, 'Le Port de la drogue' ('Pickup on South Street', 1953), qui mêle histoires de pickpocket, d'amour et d'espionnage, fut à la fois condamnée par le FBI comme propagande communiste et par les communistes eux-mêmes. Manière de dire combien Fuller aura été un cinéaste hors-cadre, brutal et complexe à la fois. Une influence majeure du cinéma contemporain, qu'on se réjouit de retrouver sur grand écran.
Le programme complet (à télécharger au format pdf) : ici.