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Ils sont des millions, invisibles, parmi nous, tous les jours. A priori, rien ne les distingue d’une personne normale : ils agissent, parlent et se comportent comme n’importe qui. Qui sait ? Votre sœur, votre fils, votre voisin, votre ami, fait peut-être partie d’eux. On les reconnaît souvent à l’eau chaude aromatisée aux herbes qu’ils boivent durant la journée et à cette manière condescendante de ne pas se mêler aux conversations autour de la machine à café. Eux, ce sont les non buveurs de café, justement. Des gens bizarres, des originaux, des snobs, des inconscients, des crypto-fascistes ? Un peu de tout ça, oui. Car ils ne font pas que refuser de boire du café, ils le détestent, l’abhorrent, le conspuent, l’honnissent, salissent sa réputation de breuvage énergisant et goûteux. Ils mènent une véritable campagne de dénigrement contre le café. Nous avons décidé de donner la parole à quelques-uns d'entre eux, en leur posant la question qui nous brûle les lèvres comme un espresso tout chaud : mais pourquoi tant de haine ? Ne croyez pas qu'il s'agit d'une discussion superficielle, vous serez surpris de lire tout ce qu'on peut penser sur le café, même quand on ne l'aime pas.
Time Out Paris : Dans votre esprit, à quels premiers souvenirs associez-vous le café ? Vous rappelez-vous la première fois que vous en avez goûté ?
Hortense : Je n'ai pas particulièrement de souvenirs du café, je sais juste que je n'ai jamais aimé ça. J'ai essayé de m'y mettre une fois pendant mes études : comme je sortais pas mal, j'avais envie d'avoir ce petit coup de boost qui avait l'air de faire tant de bien à mes potes. Donc j'ai essayé avec beaucoup, beaucoup de sucre, comme me l'a conseillé un ami, mais je n'ai jamais réussi à finir ma petite tasse. Pourtant, c'était un bon café de bar. Je me suis donc résignée et j'ai compris ce jour-là que je n'en boirai jamais plus.
Anthony : Ça me fait penser aux fins de repas de famille ! Mais quand j'étais petit, à proximité de chez nous se trouvait un revendeur de café qui possédait son propre appareil à torréfier. De ce magasin s'échappaient toujours de fortes odeurs d'épices diverses, un peu brûlées mais plutôt attirantes, et ça a toujours aiguisé ma curiosité gustative et olfactive. J'ai bien sûr essayé les fins de tasses pour goûter ce liquide, mais ça ne m'a pas attiré. Je tente régulièrement mais je n'aime toujours pas. Pire, les rares fois où j'en ai bu une tasse complète, ça m'a donné mal au ventre.
Pépita : Après avoir commencé mon premier tournage professionnel [Pépita est technicienne cinéma, ndlr], j'ai réalisé que pour tenir les journées il fallait que je choisisse entre le café et la coke ! Un cliché certes, mais un choix difficile pour moi, alors j'ai testé le café mais sans succès. La pomme et le guronzan ont donc été mon alternative.
Alexandre : Le premier point, c’est peut-être de dire que certes, je n’aime pas le café, mais que j’ai toujours trouvé l’odeur du café chaud assez agréable : capiteuse, presque enivrante de par son arôme puissant et entêtant, c’est une senteur à forte personnalité ! Mais l’odeur du café froid est en revanche très désagréable : il n’en reste qu’un reliquat d’amertume peu engageant. Côté association d’impressions ou de souvenirs, ce n’est pas formidable. J’associe le café à l’ambiance d'un bar un peu miteux des années 1980, où se mélangent odeur du tabac, relents de mauvais alcools et effluves humaines de travailleurs manuels à l’hygiène douteuse… Bref, le café reste quand même le remontant de base du travailleur, la très grande majorité du temps de mauvaise qualité et acheté à vil prix dans un rade de quartier.
Qu'est-ce que vous n'aimez pas dans le café ?
Anthony : Le goût principalement et les rares fois où j'en ai bu, il m'a donné mal au ventre. Mais une de mes contradictions, c'est que j'aime bien les gâteaux aux arômes de café : j'adore les tiramisus, les éclairs ou les mokas…
Hortense : Il y a plein de choses que je n'aime pas dans le café. Son odeur dans un premier temps ! Je ne sais pas pourquoi mais rien que l'odeur me dérange, elle me fait me sentir dans un endroit confiné et je n'aime pas ça, elle me prend tout le nez et ça m'oppresse. Je n'aime pas la couleur non plus... Quelle idée de boire une boisson noire et marron, ça me parait totalement indigeste. Et surtout, je n'aime pas le goût, et franchement c'est inexplicable, comme avec la coriandre, il peut y en avoir un tout petit peu dans un plat mais c'est sûr que je vais le sentir et que ça va tout gâcher. Comme avec le tiramisu par exemple, je ne mange jamais la partie imbibée de café... Une dernière chose, je déteste profondément l'haleine que donne le café et je me félicite donc de ne pas en boire.
Pépita : Après quatre cafés au lait et au sucre ma décision a été sans appel : ça sent bon mais c'est dégueulasse.
Alexandre : Son goût tout simplement ! C’est une boisson extrêmement amère que la plupart des gens noient d’ailleurs dans le sucre ou le lait pour la rendre buvable. Ça ou du jus de salsifis, pour moi c’est pareil.
Que buvez-vous à la place ?
Alexandre : Le matin, je savoure à la place mon chocolat chaud ! Onctuosité du lait (entier et crémeux), puissance et arôme subtil du cacao, émulsion gourmande… C’est en plus une boisson très nourrissante qui me permet de tenir toute la matinée (jusqu’à 13h30-14h sans problème), là où mes collègues sont affamés dès midi. Je n’ai d’ailleurs qu’un regret, c’est qu’il n’y ait pas autant d’amateurs de chocolat chaud matinal que de café, d’où un niveau extrêmement bas de choix et une traçabilité faible (c’est également le cas pour le chocolat à croquer, ce qui est plus étonnant au vu du grand nombre de gourmands qui en mangent) : impossible par exemple de sélectionner du cacao d’Equateur (un de mes préférés) au détriment d’un cacao ivoirien (à l’arôme plus massif et « plat », sans seconde note épicée).
Hortense : Si je dois boire quelque chose, je bois du thé, sinon rien. Le thé, je m'y suis mise sans aimer non plus au début, mais le goût est nettement moins fort et il me fallait bien une des deux boissons qui réveillent pour m'aider à tenir.
Pépita : Le matin, je bois bien souvent du thé ou du jus d'orange (il m'arrive parfois de le presser moi-même !).
Anthony : Petit, je buvais du chocolat chaud. Comme ça demande de l'organisation, je suis passé aux céréales avec du lait froid. Puis au thé, mais ça tache les dents, je m'en suis vite rendu compte. Donc je suis passé au jus de fruits, mais boire un jus de fruits le matin est mauvais pour la santé, parce qu'il contient énormément de sucre. Donc… je suis revenu au chocolat chaud. Idéalement il faudrait juste boire un verre d'eau, mais ça ne m'attire pas des masses.
Dans quelles conditions pourriez-vous faire une exception et boire du café ?
Anthony : J'ai bien essayé le capuccino sous forme de dosettes à diluer avec de l'eau chaude, pour remplacer, mais je m'en suis lassé très très vite. Il m'est arrivé de faire une exception, par exemple en bivouac avant de partir en expédition, parce qu'il n'y avait rien d'autre comme boisson chaude.
Alexandre : Non, car je ne retire vraiment aucun plaisir du café. A défaut de chocolat chaud, je prends du thé. Et je vois difficilement ce qui pourrait me motiver à boire un café aujourd’hui.
Hortense : Je ne fais jamais exception à la règle ! Si vraiment je dois en boire, ça serait dans le cadre d'une compétition parce que j'aime tout faire pour gagner. Je tiens à préciser que de temps en temps, ça m'ennuie de ne pas aimer le café, parce que ça réveille, tout d’abord, mais aussi parce que c'est une boisson comparable au vin, au niveau des saveurs, de toutes les sortes de café, de la manière de le déguster avec le nez et la bouche... Je sais que je rate quelque chose mais bon je me rattrape sur le vin.
>>> Lire notre dossier sur où boire un bon café à Paris.