[title]
Un symbole. C’est ce que représente pour beaucoup l’installation de la brasserie Barbès à l’emplacement de l’ancien magasin Vano, détruit dans un incendie en 2011. Avec le rachat des murs par l’équipe de Chez Jeannette et du Mansart, hauts lieux de la jeunesse bourgeoise, c’est le nouveau visage d’un quartier populaire qui apparaît au grand jour. Déjà en 2013, le cinéma Le Louxor venait réveiller (et embourgeoiser) un carrefour dédié aux trafiquants de cigarettes et autres menus larcins. Ces derniers n’ont pas disparu, mais ils vont devoir composer avec l’arrivée d’un mastodonte de la gentrification, soutenu à la fois par la mairie et les riverains dont l’origine sociale change petit à petit sans pour autant faire totalement disparaître la mixité – pour l’instant.
C’est là tout l’enjeu de la brasserie Barbès. Présentée, non sans raison, comme un retour aux sources du quartier, autrefois rempli de restaurants, elle devra s’intégrer sans heurts dans un paysage très différent, ce qui n’est pas garanti. Autre défi, faire venir une nouvelle clientèle sans déposséder les habitants moins concernés par l’ouverture d’un tel lieu. On le sait, la gentrification embellit souvent les rues de nos villes (peu de gens regretteront qu’un KFC, le projet qui a failli voir le jour initialement, n’ait pas ouvert à la place de cette brasserie), mais elle apporte aussi avec elle son lot de violences symboliques qu'il ne faut pas sous-estimer.
Reste que la brasserie Barbès va créer une cinquantaine d’emplois et que le bâtiment offre une vision élégante au passant. Haut de deux étages et doté d’une terrasse, il permet à Barbès de retrouver de sa superbe et les créateurs avouent leur attachement à l’identité du quartier, dont le nom baptise d’ailleurs l’établissement. Mille fois repoussée, l’ouverture officielle devrait avoir lieu finalement ce jeudi 30 avril.