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Là sur la croix, Jésus n'est pas au top, c'est certain. Du sang jaillit de son côté droit et de la paume de ses mains comme dans un film de Tarantino. Mais dans trois jours, il va péter la forme. Après sa Passion, le Christ va ressusciter le dimanche de Pâques, sortir du tombeau en catimini et apparaître à différents moments et différents endroits selon les versions des Évangiles. Peu importe, il est ressuscité. Dans l'art chrétien, la Résurrection occupe évidemment une place de choix, paradoxalement un peu moins importante toutefois que la crucifixion, qui paraît plus centrale dans la liturgie. Tout un symbole. Raison de plus pour nous arrêter quelques instants sur ces 10 représentations du Christ ressuscité par de grands peintres, histoire d'en apprendre davantage sur un épisode dont on ne sait pas grand-chose sinon qu'il a bouleversé le monde.
Fra Angelico, 1440-41 : « Attention, guignol, derrière toi, le gendarme ! »
Le Christ est taquin, il s'est caché derrière Marie de Magdala, Salomé et Marie mère de Jacques, qui ne le voient pas ! Les femmes se rendent au tombeau, où elles rencontrent un ange qui leur annonce que Jésus est ressuscité, mais qu'il n'est plus là. Elles regardent quand même au fond du tombeau, sait-on jamais.
Matthias Grünewald, c. 1515 : « Kamé Hamé Ha ! »
L'un des plus beaux tableaux du genre. Le Christ prépare une boule de feu qui promet des ravages, Son Goku peut aller se recoiffer.
Peter Paul Rubens, c. 1616 : « Je suis crevé, moi, c'est le passage à l'heure d'été, ça me fait toujours ça. »
Seuls les anges ont le droit d'assister au réveil de Jésus. Il faut dire que mourir plusieurs jours, ça met dans le coaltar. Résultat, le Christ se tape une bonne gueule de bois et n'arrive pas à se dépêtrer de son drap housse.
Piero della Francesca, c. 1460 : « Pfff, je ressuscite et tout le monde fait la sieste. »
Le Christ, ici supporter de l'équipe d'Angleterre de foot, a de quoi être blasé : d'après l'Évangile selon Saint Mathieu, les anges ont endormi les gardes du tombeau avant la résurrection. Du coup, personne pour admirer le meilleur miracle du fils de Dieu. Rageant.
Le Caravage, 1603 : « T'es gentil, Thomas, mais t'as les mains propres ? »
Épisode primordial du Nouveau Testament, l'incrédulité de Saint Thomas divise les peintres (et les exégètes religieux). Pour certains, dont Le Caravage, Saint Thomas met le doigt et touche la plaie du Christ, renforçant ainsi la dimension incarnée du Christ et l'importance de la chair dans la religion chrétienne. Pour d'autres, à l'image de Rembrandt et son tableau 'L'Incrédulité de Saint Thomas', ce dernier ne fait qu'observer le trou au côté du Christ. Il semble d'ailleurs que les Évangiles ne précisent pas si oui ou non Saint Thomas mit sa main dans la plaie, une façon de laisser libre cours à l'imagination des croyants.
Bramantino, 1490 : « Pitite pièce por manger, sivoplé »
Ok, ce n'est pas très charitable de se moquer, pardonnez-nous nos offenses. Il faut d'ailleurs bien avouer que le tableau est incroyable pour son époque. Froid et réaliste, il nous présente un Jésus ressuscité mais encore entre les deux mondes.
Maître de la Virgo inter Virgines, 1500 : « Deux assiettes de frites, j'ai les crocs ! »
La mort, ça creuse. On sent bien sur ce tableau d'un peintre anonyme néerlandais que Jésus a de l'appétit. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ses deux doigts joints ne lui servent pas à bénir la foule mais bien à commander deux plats pour assouvir sa faim.
Tintoret, 1579-81 : « J'ai profité de ma mort pour me muscler un peu, grâce à l'abonnement facile de Gym 2000. »
Finis les petits Christ chétifs du Moyen-Âge, la Renaissance gonfle les abdos et bande les muscles. Oui, Jésus est le héros le plus fort de tous les temps. Pas tant parce qu'il ressuscite, une pratique assez courante chez les héros, mais parce qu'il transforme l'eau en vin, et ça c'est cool.
Rembrandt, 1639 : Jésus, ce flambeur.
Rembrandt a toujours aimé se faire remarquer. Alors quand on lui demande de représenter la Résurrection du Christ, il peint une forme éthérée et brûlante sortant du tombeau ouvert par l'ange, tandis que les gardes s'enfuient dans la confusion la plus totale. Presque une préfiguration de la Pentecôte, parce que Rembrandt a toujours un temps d'avance.
Simon Dewey, 2001 : Bradley Cooper dans son meilleur rôle.
Grand saut dans l'espace temps pour atterrir aux États-Unis dans les années 2000. Il est loin le temps du Christ humble, famélique, un peu blasé, les paupières mi-closes : voici venu le temps du Christ winner, qui vient de réussir un joli coup sur le marché de l'assurance-vie avec un taux de crucifixion pourtant élevé. Jésus lève les yeux vers le ciel, l'air de dire « Thanks, daddy. » Une posture hollywoodienne, certes, mais le Christ n'avait-il pas prévenu avant Terminator : « I'll be back » ?