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Pourquoi il faut absolument voir 'wonder.land' au théâtre du Châtelet

Écrit par
Elsa Pereira
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Oubliez le film raté de Tim Burton, euh... non... de James Bobin. Si le Chat du Cheshire vous manque, c'est au théâtre du Châtelet qu'il faudra traîner vos guêtres, et avant le 16 juin, date de la dernière de l'ébouriffant 'wonder.land'. Musical signé par Damon Albarn (Blur, Gorillaz), Moira Buffini ('Tamara Drewe') et Rufus Norris ('Broken'), 'wonder.land' est un petit bijou de théâtre, un spectacle de deux heures trépidant et drôle, majestueux et divertissant.

Inspiré de deux ouvrages de Lewis Carroll ('Alice au pays des merveilles' et 'De l'autre côté du miroir'), la comédie musicale de Damon Albarn raconte l'histoire d'Aly (Lois Chimimba), une ado métisse mal dans sa peau, raillée à l'école par ses camarades. Les yeux rivés sur son smartphone, pour s'extraire d'un monde qui lui déplaît, elle se crée un avatar et devient enfin « cette autre », celle qu'elle voudrait être : une poupée blonde, blanche et mince, aimée de tous. 

Une Alice 2.0 qui dépoussière le personnage lunaire de Disney 

Mi-jeu vidéo, mi-réseaux sociaux, la version pop et geek d'''Alice au pays des merveilles' souffle un vent neuf sur le genre. Par son environnement techno (de sublimes projections façon jeu vidéo sur l'immense toile de fond de la scène), mais aussi par les thèmes qui sont abordés : l'homosexualité, la solitude, l'image de soi, les complexes, le féminisme... Lorsqu'elle crée son avatar, Aly réalise désappointée que les propositions qui lui sont faites ne lui ressemblent pas, elle, métisse aux cheveux bouclés. Son copain Luke Laprel, un adolescent noir et gay tout aussi bizuté ne manquera pas de lui faire remarquer avec humour que son avatar est « blanche ». L''Alice au pays des merveilles' de Moira Buffini fait donc un peu plus que croquer des gâteaux au LSD et s'enfiler un spliff avec Absolem, elle interroge le monde qui l'entoure, se soucie d'être une femme courageuse et intrépide. Et on remerciera jamais assez Moira de ne pas entonner un énième et ronflant pamphlet contre les jeux vidéo. 

wonder.land © Brinkhoff Mögenburg

Curiouser and curiouser 

Si 'wonder.land' est intelligent, fin et drôle dans ses répliques et sa manière de réécrire le conte d'Alice, il est aussi visuellement impeccable. Et les costumes signés par Katrina Lindsay n'y sont pas étrangers. Alice dans une robe pop inspirée des fraises de la Renaissance, le Lapin Blanc avec ses oreilles en forme de gélule et son body blanc laissant apparaître sa silhouette musclée, Ms Manxome (excellente Anna Francolini) dans un tailleur façon Cruella... Rien n'est laissé au hasard et le moindre détail témoigne d'une lecture étudiée et précise du conte. Sur ce plateau à la fois réel et virtuel, coloré et grisâtre, tout devient magique : un trajet en underground, une escapade dans les toilettes des filles, l'entrée dans le jardin enchanté. Un monde merveilleux qui ferait retrouver une âme d'enfant à la Dame de Cœur. Fabulous ! 

wonder.land © Brinkhoff Mögenburg

Quoi ? • wonder.land.
Où ? • Théâtre du Châtelet.
Quand ? • Jusqu'au 16 juin à 15h, 16h et 20h selon les jours.

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