Voilà plusieurs mois qu'OTTO10 distille sa bonne humeur et son énergie folle à coups de fêtes endiablées, organisées dans des lieux parfois incongrus, à des horaires tout aussi inhabituels. Juste avant de sonner le gong de leur cinquième événement, le 18 mai 2014 (quelle fabuleuse fête...), leur président Fabien a répondu à quelques-unes de nos questions. Histoire d'en savoir un peu plus sur ces agitateurs doux-dingues qui mettent le feu aux week-ends parisiens, de parler de l'esprit qui les caractérise, de la fête dans la capitale française, ou encore d'apprendre ce qu'est un licornocampe.
Time Out Paris : Pouvez-vous nous parler des débuts de cette aventure ?
Fabien : OTTO10, à la base, c'est une bande de copains qui a bien traîné ses baskets en festivals et en soirées, en France et ailleurs. OTTO10 est né grâce à l'envie de monter un projet à nous. On s'est posés pour voir ce qu'on voulait faire, pour définir nos envies et notre identité. On a lancé l'association via KissKissBankBank pour le premier événement. Un peu comme dans une recette de cuisine, on a incorporé des ingrédients qu'on aimait et on a laissé de côté ceux qui ne nous plaisaient pas. Et puis, on a appris sur le tas en utilisant les compétences de chacun. On a tous un boulot en dehors, alors on essaye d'organiser les fêtes auxquelles on voudrait assister, sans être stressé par l'absolue rentabilité de la chose.
Pourquoi ces horaires ?
Dès le début, on ne voulait s'imposer aucune limite au niveau des horaires, des lieux, ou du format. Les événements en journée impliquent une autre façon de faire la fête. On ne se comporte pas de la même manière un vendredi soir à 3h du matin ou un dimanche à 16h. Ca nous permet de développer une autre approche de la fête. On aime varier les plaisirs. Le premier événement se déroulait un dimanche de 14h à 22h, le deuxième un vendredi de 18h à 8h... En fait, on n'a pas de format précis. On fait à la fois en fonction des possibilités offertes par les lieux et en fonction de nos envies à un moment précis. Et puis, on aime bien aller s'encanailler dans le Grand Paris (Cachan, Bobigny, Montreuil...) parce qu'il y a moins de risques de nuisances qu'à Paris, et parce que certains espaces nous permettent de faire ce que l'on veut, comme on l'entend !
D'ailleurs, qu'est-ce que vous pensez de la fête parisienne en général ?
Contrairement au cochon, il y a du bon et du moins bon. Tout le monde peut trouver chaussure à son pied dans une ville comme Paris. Ceux qui cherchent le club bouteille et feux de Bengale, table réservée et chemise au col impeccable trouvent... ceux qui veulent le mix entrepôt/punk à chien trouvent aussi. Entre les deux, il y a une grande marge, où OTTO10 se situe. On parle de renouveau depuis bientôt trois ans, on compare Paris à d'autres capitales européennes (on taira le nom que tout le monde a en tête, tant ce n'est pas comparable). Il y a un truc qui se passe et dont OTTO10 profite aussi. Tout cet engouement a renforcé notre confiance dans le public parisien quand on a lancé le projet. Maintenant, espérons que ce ne soit pas un feu de paille et qu'il y aura plein de nouveaux collectifs et autant de belles initiatives pour les années qui viennent.
Il y a dans vos teufs un côté récréatif, régressif... C'est même un peu votre marque de fabrique. Pourquoi est-ce que c'est important pour vous ?
L'envie de développer ce côté récréatif est venu d'un constat simple : en soirée on s'éclate d'autant plus lorsqu'on est à l'aise avec le public autour de soi et lorsque les gens ne sont pas là juste pour se regarder en écoutant la musique. Faire une soirée de musique électronique c'est une chose, faire une vraie fête avec plein de beaux souvenirs, c'est encore mieux. Le côté je pose des platines dans un bar, je fais payer l'entrée 20 euros et j'encaisse les demis à 10 euros, ça existe, mais ça n'est pas notre vision de la fête. OTTO10 c'est une bande de copains qui gère ses événements comme elle veut, et advienne que pourra. Pour l'instant notre grain de folie semble plaire, ça prouve qu'on n'est pas les seuls à vouloir ce côté « récréatif, régressif ». C'est surtout important parce que c'est notre identité, on essaye de faire des événements qui nous ressemblent et qui rassemblent. On pense que cette sincérité se ressent et que c'est aussi ça qui plaît.
Comment voyez-vous ça évoluer ?
On a plein d'idées, plein d'envies mais on va évoluer en fonction de nos possibilités pour ne pas griller nos cartouches. Après, le but n'est pas de faire de plus en plus en gros. Le dernier événement a réuni 350 personnes alors que l'avant-dernier comptait plus de 1 300 personnes. On est une petite association, avec des moyens restreints, et on essaye de faire du mieux qu'on peut. C'est DIY...
Si je te disais « budget illimité, possibilité illimitée », quel lieu parisien aimeriez-vous symboliquement investir pour faire la fête ?
Un open air dans les jardins de l'Elysée en mode OTTO10, ou une roof party sur la tour Montparnasse en petit comité. J'espère que c'est pas Time Out qui signe le chèque, parce qu'il y aura des zéros avant la virgule !
Est qu'il y a des teufs mythiques que vous avez faites (ou auxquelles vous auriez aimé participer), des collectifs ici à Paris ou ailleurs dans le monde qui vous inspirent ?
Chacun aura ses références dans le groupe, mais le festival Fusion en Allemagne reste une sacrée claque pour beaucoup d'entre nous. C'est un festival mémorable et unique en son genre. L'exemple type de gros événement sans pub, aux prix accessibles avec une programmation large et pointue et une atmosphère générale friendly.
Vos conseils beauté et remise en forme pour survivre à une OTTO10 ?
Un excellent shampoing spécial « paillettes » est fortement recommandé sous peine de regards étonnés de la part des collègues le lendemain.
Quel est votre plus beau souvenir d'OTTO10 ou l'histoire la plus folle arrivée lors d'une OTTO10 ?
Notre DA est aussi cascadeur à ses heures perdues. Lors du tout premier événement, il a frappé très fort. Il dansait sur un cube en verre géant avec des talons, et d'un coup il est passé au travers. On a eu la peur de notre vie, on a cru le perdre, mais au final il n'a eu que des blessures superficielles et il est revenu un quart d'heure après sa chute. Tout le monde s'est relâché et l'ambiance a explosé.
Pour finir, si OTTO10 devait avoir un animal-totem, lequel serait-il ?
Un licornocampe : un corps d'hippocampe et une licorne à 15 têtes qui crache des paillettes.
Retrouvez toutes les infos sur OTTO10 sur leur page Facebook.
Un grand merci à Guillaume Billard pour la coordination, et Charlotte Gonzalez dont les magnifiques photos sont visibles ici.