Pour qui ? Un(e) Breton(ne) en exil à Paris, une bande de potos affamés
Plat culte ? Le grouin pané servi chaud avec sa tapenade (6 €). Ou, plus consensuelle, la galette-saucisse (6 €)
Embarquement immédiat pour la pointe du Grouin ! Pas la farouche et rocailleuse qui s’étire au nord de la côte d’Emeraude, non. La tanière de Thierry Breton, ancrée à côté de Chez Casimir, son deuxième opus rue de Belzunce. Une taverne à la bonne franquette, fief de la diaspora bretonne en exil, où l’on gueule et l’on rit autour de grandes tablées recouvertes de nappes à carreaux rouges et blancs. Et surtout, où l’on paie comptant, en grouins ! Une monnaie inventée par le fantasque taulier – des piécettes tantôt dorées, tantôt argentées.
Première chose à faire en arrivant : coloniser une table, et envoyer quelqu'un au bureau de change : un distributeur automatique situé à droite à l'entrée. 1 grouin = 1 euro. Même après plusieurs verres, rien de bien compliqué. Deuxio ? Récupérer un menu. Tertio, commander groupé, au comptoir. Là, on vous tend un galet sur lequel figure un numéro. Retournez vous asseoir mais tendez l'oreille, moussaillons : on gueulera votre chiffre dans le haut-parleur, et à vous ensuite de venir récupérer votre cagette remplie de victuailles.
Tapas froides (2-10 €), ou chaudes (6-12 €), desserts de 2 € à 4 €... Binouze à 2 balles (pardon, 2 grouins)... Dans cette carte faramineuse, on pioche jusqu'à plus faim et plus soif. Hop ! Une excellente galette-saucisse, à la moutarde à l’ancienne et au beurre salé (6 €). Bim ! Un pouce-pied iodé. Bam ! Un groin pané et sa tapenade. Sans parler de la planche de charcutaille mixant terrine, boudin, andouille de Guémené... Délice ! Délice ! Et tout ça flanqué d’un bon pain encore chaud, fourbi sur place (celui-là même qu'on retrouve dans quantité de bistronomiques parisiens). On repart le cœur content et le bidon lesté, en tanguant comme sur le pont d'un cargo un soir de coup de vent.