Il y a des jours comme ça où on donnerait tout pour un bon vieux kebab, bien gras et pas cher. Celui qui vous oblige à mâcher un chewing-gum juste après, pour masquer les dernières preuves du crime, et déloger ce satané bout de viande planqué entre deux molaires. D’autres jours par contre, on culpabilise un peu et on aimerait troquer l’habituel salade-tomates-oignons pour quelque chose de plus… raffiné, disons. Ca tombe bien, depuis quelques années les kebabs « gourmets » pullulent dans la capitale. Dernier signe de son embourgeoisement : Zarma, en plein South Pigalle.
Et si le lieu ne paye pas de mine, 15 m2 à peine et quelques tabourets pour manger sur place, l’accueil est (très) sympa et l’assiette nous met une belle claque gustative. Il faut dire qu’ici, on a affaire à des spécialistes : l’un des deux proprios est un ancien journaliste spécialiste de la street food, passé par la Turquie, le Liban et Berlin. Résultat ? La sauce blanche industrielle laisse place à du vrai yaourt grec ou à de la salsa tomate-harissa, quand les abricots secs, la menthe fraîche ou la coriandre viennent s’inviter dans les compositions. Pour notre part, après dix minutes d’hésitation montre en main, on mise tout sur le « kebap de saison » (8 €). Le poulet tandoori vient se marier subtilement avec les aubergines massala, la raita, les petits pois soufflés et du chutney de mangue. Oui, de la mangue dans un kebab, et la magie sucré-salé opère.
On est rassasié et sirote notre jus de poire pressé en commandant un dessert, par pur péché de gourmandise. On louche sur les loukoums avant de finalement opter pour l’éclair fleur d’oranger, habillé de pistaches croquantes. La prochaine fois, promis, on osera l'étonnant combo chocolat-harissa. En attendant, une chose est sûre : on vient d’ajouter un nouveau resto dans notre liste officieuse des meilleurs kebabs de Paris.