C’est au 44 de la rue Trousseau que je retrouve Romain. Clope au bec, tatouages sur les mains, il m’invite à m’asseoir dans son salon de tatouage, Hand in Glove. Quand je lui demande de me parler du jour où il a eu le déclic, il lève les yeux au ciel : « Houlà, ça remonte ! J’ai grandi avec la culture skate, hardcore, punk, hip-hop. Du coup, je baignais dans un milieu dans lequel pas mal de mecs étaient tatoués. A 14 ans, je savais déjà que je voulais être tatoueur. » C’est d’ailleurs à cet âge-là qu’il réalise le dessin de ce qui sera son tout premier tatouage, « un dragon tout pourri que je voulais absolument me faire tatouer », confie-t-il. En vain, il lui faudra atteindre sa majorité.
Tatoué à 18 ans, il commencera à encrer la peau des autres à 26. Avant d’être tatoueur, Romain vivait de la musique et du skate. Originaire du Mans, il monte à Paris en 1998 pour percer dans ces deux disciplines et continue en parallèle à faire des dessins pour des marques de skate et des groupes de musique. Finalement, il se lance. A 37 ans, après une dizaine d’années de pratique dans des salons réputés de la capitale, il ouvre Hand in Glove. « Je n’y pensais pas plus que ça, se souvient Romain. Mais je suis devenu papa, ce qui a un peu précipité les choses. Au même moment quasiment, un pote a acheté les murs de cette boutique, qui se situe dans un quartier que j’adore. Et tout s’est enchaîné. »
Depuis deux ans et demi, Romain tatoue dans cette jolie boutique du 11e arrondissement avec deux compères, Fabrice et Hugo. « J’étais tout seul quand j’ai ouvert. Fabrice et Hugo sont venus se présenter à moi, et ça a tout de suite fonctionné. » Ici, les trois garçons font ressortir leur culture graphique à travers à peu près tous les styles de tatouage : old school, new school, jap, traditionnel, etc. « On fait quand même très peu de tribal », souligne Romain en riant. Notre tatoueur n’a pas envie de se limiter à un style : « J’aime dessiner. Tant que le sujet me plaît, j’y vais. » Il faut descendre un étage plus bas pour entendre le son du dermographe, que le morceau "Deceptacon" du groupe Le Tigre arrive à peine à masquer, ce jour-là. Des sièges rouges en cuir vous accueillent pour passer sous l’aiguille d’un de ces trois tatoueurs. Leurs projets pour la suite ? « Que ça reste comme ça. On a la chance de faire un métier qui nous plaît. Si en plus, on est dans un cadre que l’on aime, c’est parfait. »