Classic oldies
© Camille CosteSélection de classic oldies
© Camille Coste

Retrogaming : le jeu vidéo, c'était mieux avant ?

Nostalgie, j'écris ton nom

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Je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Une époque où les écrans Retina et la HD n'existaient pas, un siècle où l'on ne payait pas 15 euros pour s'enfermer dans une salle obscure avec des lunettes 3D. Je vous parle des années 1970 et 1980, décennies où le jeu vidéo faisait tout juste son apparition dans nos salons, sous forme de Pong, d'Atari, de NES, de Mario, de Megadrive, de Sonic... S'il aura ensuite fallu plus d'une vingtaine d'années pour que cette jeune industrie s'impose comme un domaine d'activité sérieux et lucratif, elle a aujourd'hui le vent en poupe. Avec des budgets colossaux (70 millions de dollars pour 'Metal Gear Solid IV', 100 millions pour 'GTA IV'...), des graphismes bluffants de réalisme et des technologies à la pointe, le jeu vidéo, nouvelle machine à blockbusters, pourrait presque rivaliser avec Hollywood. Dans l'ombre de cette frénésie, qui s'exprime également au sein d'une scène indépendante toujours plus créative, un autre phénomène a émergé : le retrogaming, une tendance portée par la nostalgie d'un temps désormais bien révolu.  

Les nouveaux archéologues

Des fétichistes, de plus en plus nombreux, se tournent vers le passé pour exhumer les titres de leur enfance. Des trésors aux graphismes rudimentaires et aux conditions de production limitées, sur des supports physiques qui évoquent un autre âge, bien antérieur à celui d'Internet et du tout-digital. Pour certains de ces collectionneurs nostalgiques, les scénarios des jeux de l'époque étaient beaucoup plus riches, plus développés et plus compliqués à finir. Bien sûr, il suffirait de brandir quelques-unes des productions actuelles pour contredire ce type de déclaration (des jeux comme 'Red Dead Redemption', 'L.A. Noire', 'Portal' et 'Heavy Rain', pour ne citer que ceux-là), mais les retrogamers se réclament également d'être à la recherche d'une autre philosophie. Mathieu, membre de l'association WDA – qui milite pour la sauvegarde du patrimoine numérique – défend cette idée. « Les jeux étaient plus simples à l'époque, mais en même temps beaucoup plus durs, à cause des restrictions techniques, par exemple l'absence de sauvegarde, la façon de jouer ou la difficulté des intrigues. Pour moi, on a perdu en peps, et du coup, on a également perdu un peu de la joie éprouvée lorsque l'on terminait enfin un jeu. Aujourd'hui, un jeu coûte plus cher à l'achat, beaucoup plus cher à la fabrication, mais il aura, en fait, une durée de vie beaucoup plus faible. Finalement, c'est dans l'esprit de la société de consommation actuelle. » Son association, qui existe depuis 1996, a créé l'un des premiers musées virtuels de l'informatique et du jeu vidéo. Et dans une logique de nostalgie durable, ses membres organisent régulièrement des ateliers pour transmettre leurs savoirs en matière de restauration de hardware. Une façon de lutter contre l'obsolescence programmée des machines. 

Chronique d'une histoire en marche

En quelques années, le jeu vidéo est passé du rang de sous-culture à celui de culture à part entière. En l'intégrant au patrimoine affectif, en lui offrant un statut d'objet de collection recherché, le retrogaming a largement contribué à cette évolution. Des générations de gamers trentenaires, qui ont grandi avec une console et baigné dans cette culture, influencent aujourd'hui les modes de notre société. Devenus force vive de la création contemporaine, nombre de musiciens, plasticiens et cinéastes se réapproprient les codes de ces jeux et les modernisent. D'ailleurs, le retrogaming est tellement en vogue que des développeurs indépendants créent encore des jeux sur des consoles qui ne sont plus fabriquées. 'Pier Solar' sur Megadrive en est un bon exemple. Une très belle édition limitée du jeu est sortie à 800 exemplaires, comprenant des goodies et un disque de soundtracks. Les grands héros et les nobles quêtes des jeux de l'époque vivent toujours dans l'imaginaire collectif, grâce à leurs suites, leurs adaptations ou leur réutilisation au sein de la culture populaire. Ramenant à eux de nouvelles générations de joueurs lassés, peut-être, par la surenchère technologique ambiante ou simplement curieux et enclins à apprécier la magie des jeux à l'ancienne.

En attendant le futur, montez dans le petit train des souvenirs, à travers la généalogie des consoles de jeux et les grands développeurs et séries qui ont marqué des générations entières de gamers. 

Souvent, les retrogamers sont aussi des collectionneurs, ou le deviennent par la force des choses. Techniciens, passionnés, entasseurs fous ou simples adeptes d'un phénomène de mode, ils se distinguent aussi par la génération à laquelle ils appartiennent.
Camille nous ouvre les portes de sa caverne d'Ali Baba, et évoque sa vision du retrogaming.
Frédéric Molas enfile le costume du Joueur du grenier dans d'hilarantes vidéos-démos de jeux, dans lesquelles il exhume les reliques et monstres sacrés du retrogaming. Dans cet épisode, c'est l'écœurante difficulté de 'Teenage Mutant Hero Turtles' sur NES qui renaît de ses cendres.

Une histoire de consoles, de développeurs et de jeux

Le retrogaming se définit d'abord par le hardware, c’est-à-dire par les ordinateurs et les consoles sur lesquelles s’est écrite la première partie de l’histoire du jeu vidéo. Convoitées, populaires, elles n’ont cessé d’évoluer, gagnant en puissance et en possibilités. Passage en revue de ces bonnes bêtes classées par générations, des plus prisées à celles qu'on a vite oubliées : de la Mattel Intellivision à la Dreamcast. Lire le dossier

Au Panthéon de l’histoire du jeu vidéo, comme dans toutes les histoires, figurent des personnages-clés qui ont bousculé la jeune industrie. Des studios de développeurs se sont démarqués des autres, chaque maison étant responsable de la création de licences légendaires, dont plusieurs suites ont fleuri, génération après génération. Court inventaire avec Konami, Capcom, Namco et Square Enix, et leurs titres phares. Lire le dossier

Les magasins spécialisés

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Maxxigames
Maxxigames
Véritable temple du retrogaming, le sous-sol de Maxxigames a carrément des allures de musée. Allées dédiées à Sega, rayons entièrement estampillés Nintendo ou Playstation... Les précieuses consoles oldies et les cartouches collector sont classées et sous vitrine, pour le plus grand bonheur des clients du magasin, qui y viennent en pèlerinage, à la recherche de leur madeleine de Proust. Ici, la console Dreamcast prend sa revanche sur sa déconfiture passée, avec certaines éditions limitées avoisinant les 400 €, tandis que le très rare Metal Slug sorti sur Neo Geo se vend à 1490 € ! Un must-see pour tous les amateurs de retrogaming à Paris !
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Square Games
Square Games
Chez Square Games, le jeu vidéo s’exhibe dans tous ses états. Au rez-de-chaussée vous trouverez toute la panoplie du gamer d’aujourd’hui : jeux et consoles next gen (Xbox 360, Playstation 3 et Wii), accessoires, etc. Aventurez-vous au sous-sol et vous découvrirez une salle d’arcade (qu’on appelle un Versus Dojo) avec une quinzaine de bornes proposant jeux de combat anciens (Street Fighter III, King of Fighter 98, 2000, 2002...) et récents (Tekken, King of Fighter XIII, Street Fighter IV...). Enfin à l’étage, ambiance zen et nostalgie avec une zone entièrement dédiée au retrogaming, depuis l’Atari et la Lynx jusqu’à la Gamecube, en passant par les classiques NES, Megadrive et autres Saturn et Dreamcast bien sûr. L’esprit bon enfant et détendu qui y règne invite à l’échange et au partage entre vendeurs et clients.
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Replay est sans doute le magasin le plus nerd de la sphère retrogaming à Paris. En effet l’enseigne, spécialiste de jeux vidéos d’occasion et consoles oldies, est également affiliée à l’association WDA pour la préservation du patrimoine numérique. L’association, elle-même collectionneuse de hardware et software en tout genre — et dont l’ambition première était d’ouvrir le premier musée francophone d’informatique et de jeux vidéos —, propose des ateliers de restauration de matériel, ou comment apprendre à dessouder et ressouder, afin de rallonger la vie de machines vouées à l’obsolescence... Gérée par des collectionneurs passionnés, la boutique offre un grand choix de consoles et jeux, en boîte ou en loose, avec occasionnellement quelques pépites à dénicher, comme la version européenne (pal pour les intimes) de Castlevania V : Vampire Kiss sur Super Nintendo (valeur estimée : 300 € d’occasion).
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