C'est en retirant sa chaussure que Demarcy-Mota finit son discours au sujet de l'accord Unedic de mars 2014. Ensemble, permanents et intermittents du théâtre quittent la salle en boitant devant un parterre de stars, de journalistes et autres adorateurs de la chorégraphe. Un signe fort et émouvant encore palpable lorsque le mur de parpaing s'effondre sur la scène et recouvre l'air d'un fin nuage blanc. 'Palermo, Palermo' commence ainsi dans le fracas. Celui des pierres qui tombent et des intermittents qui grondent. Sublime épopée de théâtre dansé, la pièce écrite par Pina Bausch explore le territoire sicilien par de courtes histoires, des couleurs et des sons. Des cloches qui résonnent, une pluie de terre couleur sienne, des pièces de monnaie qui frappent le sol…
Pina Bausch n’est pas seulement une chorégraphe de génie, elle est une faiseuse d’images, une poétesse de la scène. Alors que bon nombre de metteurs en scène se seraient cassé le nez, Pina Bausch maîtrise l’art de la dramaturgie composite grâce à une science du détail et de l’espace scénique. Les acteurs ont beau jouer avec des spaghettis, repasser leur robe, se jeter de l’eau au visage ou déambuler avec une pomme sur le sommet du crâne, ils ont beau s’agiter sur scène, ils gardent une unité corporelle et scénique hors du commun. La magie bauschienne reste entière.