William Richard "Bill" Frisell est un guitariste compositeur et arrangeur américain contemporain. Après sa sortie de la très réputée Berklee College of Music de Boston, il s’investit dans le jazz, mais aussi la folk progressive, la musique classique, la country, la noise et d’autres genres musicaux. Débarqué à NYC dans les années 1980, il se passionne pour la musique avant-gardiste, et sera partenaire de John Zorn dans son groupe Naked City. Puis il s’intéresse à l’arrangement de morceaux populaires, et sort une décennie plus tard deux très bons albums, ‘Have a Little Faith’, qui compile des reprises revisitées jazz ou rock de Bob Dylan, Madonna ou l’excellent Aaron Copland, et ‘This Land’, composé de titres originaux très influencés par le folklore américain. Peu avare de nouvelles expériences, il composera en parallèle de sa carrière solo les bandes-son des films de Buster Keaton. En 2005, c’est la consécration pour Bill Frisell, peu connu du grand public, qui reçoit un Grammy Award pour son album de musique contemporaine ‘Unspeakable’, qui porte bien son nom tant sa musique est difficile à décrire.
Pour ce festival Jazz à la Villette, il interprètera en quintet son album ‘All We Are Saying’ en hommage à John Lennon, sorti l’année dernière. Accompagné de la violoniste Jenny Scheinman, du guitariste Greg Leisz (qui jouera de la pedal steel et de la mandoline) du bassiste Tony Scherr et du batteur Kenny Wollesen, Bill Frisell revisite avec brio et virtuosité le songbook pop de l’artiste en les teintant de rock, folk, blues et jazz. La force mélodique des compositions de l’ancien Beatle est un terreau idéal pour laisser le guitariste américain, toujours en quête de nouveaux exercices stylistiques, tisser sa toile harmonique et son quartet, déambuler dans de minutieuses improvisations dont il a le secret. Parmi ces relectures, on souligne la belle version éthérée et poétique de “Across the Universe” ou “Imagine” et la version folk de “Julia” qui aurait sûrement séduit le mélomane qu’était John Lennon.
Première partie : Colin Stetson solo. Ce nom ne vous dit sûrement rien, pourtant si vous ne lisez pas les pochettes des albums (objet désuet qui avait toute son utilité dans son temps pour connaître le nom des sidemen), vous le découvrirez partout. Cet adepte du saxophone basse comme Anthony Braxton ou James Carter a joué et tourné avec Arcade Fire, Bell Orchestre et Bon Iver, et collaboré avec des dizaines de groupes : Tom Waits, TV On The Radio, Feist, My Brightest Diamond, LCD Soundsystem, David Byrne : la liste est infinie tant ses talents sont plébiscités. Multi-instrumentiste de génie, il joue aussi de la clarinette basse, du cor d’harmonie, de la flûte et du cornet à pistons. A force de collaborations, il ne sortira son premier album solo qu’en 2008 ‘New History Warfare, Vol. 1’, qui prédisait le ‘Vol. 2 : Judges’ sorti l’année dernière. Artiste hyperactif, il vient de sortir un nouveau maxi, ‘Those Who Didin’t Run’, et viendra interpréter les meilleurs titres de sa composition à la Villette, avec son souffle enjôleur et puissant.