Des spectateurs de 7 à 77 ans (oui, comme dans les jeux de société) occupent déjà la salle du Point-Virgule à notre arrivée, tous visiblement impatients de rire un bon coup. Heureusement, la star de la soirée ne se fait pas attendre ; à peine a-t-on eu le temps de s'installer que Carole Guisnel déboule sur scène sur la chanson "Maniac", avec une chorégraphie des plus artisanales. Le ton est donné : le spectacle s'annonce plein d’énergie et d’enthousiasme.
Alors autant avouer ce qui ne va pas dès le début, comme ça ce sera fait : parfois, Carole Guisnel imite un peu Florence Foresti. Mais elle interprète si aisément la prof de théâtre hystérique, copiée du fameux sketch de l'actrice de son aînée, qu'on le lui pardonne sans concession. Le reste de son spectacle voit s’enchaîner des blagues sur sa vie d’humoriste, ses déboires avec les mecs, ses problèmes tout court, débitées de façon si naturelle qu’on pourrait souvent penser à de l’impro. D'emblée on s'attache à cette humoriste, la petite trentaine, qui en paraît cinq de moins, sympathique au possible. L'espace vide dont elle dispose se voit empli de ses danses hasardeuses, de ses grands gestes, mais aussi de ses pleurs (de vraies larmes !) ; en un mot, elle se révèle complètement décomplexée, ce qui a le mérite de mettre à l'aise tout son public, qui n'en est que plus réceptif à son humour.
Si elle ne crée pas des personnages en tant que tels, comme le faisait Elie Semoun par exemple, elle ponctue néanmoins l’histoire de sa vie de nombreuses et courtes imitations, toutes plus réussies les unes que les autres. L’accent belge et l’accent gangsta-qui-zozote sont interprétés à merveille, et le classement des filles en « princesse-sirène-fée » ou en « patate » se révèle si juste qu’on rigole de bon cœur.
Bref, on ne vous en dira pas plus, de peur de spoiler ses bonnes trouvailles, mais ce qu’on peut vous confier sans crainte, c’est qu’on a beaucoup ri et le reste de la salle aussi. Quoi de mieux finalement pour juger de la réussite d’un one-woman show ?