Kurt Cobain n’est pas mort. Sa silhouette dégoulinante et son regard transparent sont toujours là, cachés au détour d’un film, d’un article ou encore d’un spectacle. Fasciné par le mythe, Frédéric Jessua de la compagnie La Boîte à Outils a imaginé un concert théâtralisé à partir de morceaux du groupe, d’extraits de son journal intime et d’articles de presse. Pendant 40 minutes, des comédiens-musiciens réorchestrent sur scène les chansons qui ont marqué plusieurs générations de mélomanes. Une guitare, une batterie mais aussi un violoncelle, un accordéon…
Trois questions au batteur et metteur en scène Frédéric Jessua.
Pourquoi Nirvana ?
Il y a chez Kurt Cobain quelque chose d’à la fois paradoxal et historique. Cette volonté de réussir, ce rejet du succès. A à peine 27 ans, il avait déjà une vision très mature du mercantilisme, de notre système capitaliste. Il a mis, à l’époque, le doigt sur certains rouages de la célébrité. Et puis surtout, Nirvana, ce fut la dernière véritable explosion musicale, le dernier étage de la fusée rock. Quand on écoute ses chansons, on ne sait jamais si elles sont tristes ou gais.
Et pour ce qui est de la filiation ?
Dans son journal en 1989, Kurt écrit : « Je perçois dans notre génération le sentiment universel que tout a été dit et fait. Exact. Et alors ? Ca pourrait toujours être marrant de faire semblant. C’est la première décennie depuis le début des années 1940 pendant laquelle deux générations (la vieille école et la nouvelle) aiment la même musique. » Il y a chez Nirvana une réelle conscience de ses origines, un vrai besoin de références.
Selon toi qui pourrait aujourd’hui prétendre au titre de nouveau Kurt Cobain ?
Pete Doherty pour le côté un peu destroy, mais il y a chez le chanteur des Libertines une avidité de l’image que Kurt n’avait pas. Cobain avait quelque chose d’extrêmement naturel.