La direction aux travailleurs, le pouvoir au peuple, le capital pour les salariés. Dans 'Ma chambre froide', Joël Pommerat s'attaque à un vieux fantasme communiste : confier aux employés les rênes de leur entreprise. Dans un branle-bas technique sans faute, ni bruit, ni sueur apparente, les acteurs s'emparent de la scène circulaire qui devient réellement cirque dans des phases d'onirisme animalier.
De cette tentative utopique, brisée en vol car acculée aux réalités financières, jaillit des réminiscences de ‘La Bonne Ame du Se Tchouan’ de Brecht, à travers le personnage schizophrène de l'héroïne, jeune femme timide dont tous profitent car elle est la bonté même. Mais si elle est effacée elle n'est pas effaçable, grâce à l'existence de son double, frère maniaque, psychopathe, violent et vengeur.
Deuxième expérience concentrique pour Pommerat, cette pièce confirme l'excellence de ses acteurs et son talent de créateur d'images, d'ambiance et d'émotions.