Zoé

Il est bon parfois d’assister aux premiers balbutiements d’une troupe. Savoir que tout ne sera pas parfait, qu’il y aura des ajustements, mais que vous avez vu un travail sincère, fruit d’années d’équilibres et de déséquilibres. Première création du très jeune Circo Zoé, ‘Zoé’ invite à découvrir une compagnie pleine de talents, plus préoccupée à façonner un univers personnel qu’à enchaîner les triples sauts. C’est donc dans une ambiance de bateau naufragé que le spectacle commence. Simone Benedetti – dont on a déjà apprécié le talent dans ‘Blast’ – nous accueille un par un, une lanterne en fer à la main. La lumière est douce, le tambour de Diego Zanoli puissant. Imaginé à sept, ‘Zoé’ mélange musique live et numéros de cirque pour un univers sonore d’une grande richesse (accordéon, tambour mené par l’incroyable Diego Zanoli, coiffé d’une chapka en fourrure synthétique). Acrobate à sa manière, le musicien dépoussière la musique sur scène, muni d’un xylophone qu’il chatouille avec un archet, ou en courant littéralement derrière sa batterie, baguettes à la main. Onirique et drôle, ‘Zoé’ offre ainsi au spectateur de très belles images : une promenade aérienne sur une corde, une pluie de parachutes miniatures, une fugue à contre-jour… Des instants de grâce cependant trop fugaces dans un spectacle qui peine parfois à s’envoler. Mais tout le charme est là. La beauté de ‘Zoé’ ne réside certainement pas dans un emballement de prouesses physiques ni dans un rythme effréné, mais plutôt dans cette fragilité touchante, dans ce corps à corps avec l’humain. Car sous le chapiteau du Cirque électrique, ces jeunes artistes venus à la fois de France et d’Italie se mettent en danger pour vous, et vous convient dans leur monde, vous regardant droit dans les yeux. « Si vous avez aimé le spectacle, lance Simone avec son joli accent italien après quelques belles minutes d’applaudissements, n’hésitez pas à faire du bouche à bouche. » Voilà chose faite.