Ils sont là, l’un face à l’autre, sur un plateau complètement nu. Lui, Roland, est apiculteur. Elle, Marianne, physicienne. Après s'être rencontrés à un barbecue, ils tombent amoureux l'un de l'autre. Une histoire banale ? Pas vraiment. Car à la manière de Hong Sang-soo dans ‘Un jour avec, un jour sans’, l'auteur de la pièce Nick Payne exploite merveilleusement bien une relation à géométrie variable. Roland est en couple, non, il sort d’une relation, non, il est infidèle… à moins que ce soit l’inverse.
Grâce à une écriture en apparence simple mais qui se révèle profonde, Payne offre une ribambelle de subtiles variations, étirée dans l’espace et dans le temps. Une intonation, une attitude ou parfois juste un mot des personnages et c’est toute une destinée qui vacille et change de trajectoire. Confrontés à la maladie, à la tromperie, ils adoptent successivement des réactions variées (et parfois contradictoires), comme un miroir aux différentes possibilités que ces situations appellent. Pour relever le défi, il fallait bien tout le talent des deux comédiens – Marie Gillain (Molière de la Meilleure comédienne dans ‘La Vénus à la fourrure’) et Christophe Paou (‘L’Inconnu du lac’) – pour s’adapter avec brio au ton de la pièce, oscillant entre gravité et drôlerie, rires et larmes. Surtout, la mise en scène habile de Marc Paquien évite le piège de la brochette de sketchs sans suite logique, préférant nous faire naviguer dans une myriade d'univers parallèles.
Et si ‘Constellations’ traite à première vue d’amour, difficile de passer à côté de la portée métaphysique et du thème des mystères de l’existence. A l'image de ce disque noir, élément central de cette scénographie minimaliste, qui nous renvoie aux cycles de l'univers. Une manière de montrer que nos vies sont gorgées de possibilités, de promesses et de cheminements, prouvant que l'avenir dépend avant tout de nos choix.