Après nous avoir ébloui avec son spectacle féministe '
Modèles', la metteur en scène Pauline Bureau revient au
Nouveau théâtre de Montreuil avec '
Sirènes', une odyssée familiale pleine de secrets et de non-dits. Rencontre avec cette brillante femme de théâtre.
De ce qui nous fonde. De quelles choses, de quels silences, de quelles paroles nous sommes faits. De ces secrets et non-dits que l’on porte en nous. Une des comédiennes résume ‘
Sirènes’ en une question : « Qu’est-ce c’est qu’être l’enfant de quelqu’un ? » Nos parents ont, eux aussi, été les enfants de quelqu’un. Qu’est-ce que cette chaîne ? Qu’est-ce qui se reproduit en positif comme en négatif et comment les silences ressortent. Le spectacle se découpe ainsi en trois générations. Je voulais qu’il y ait les trois époques au présent, qu’il y ait une fable qui se construise mais qu’elle soit alimentée par plein d’autres histoires qui se répondent entre elles.
A partir d'histoires que l'on s'est racontées, de choses qu'on a lues, d'histoires qu'on a inventées. On a parfois fantasmé sur des choses qui n'étaient pas dites dans nos familles. L'histoire s'est imposée à moi au fur et à mesure. Les acteurs apportaient beaucoup et ce n'était pas forcément sur la construction de la narration qu'ils apportaient le plus, mais sur des images, des ressentis, les chansons du spectacle. Si j'ai davantage porté 'Sirènes' dans l'écriture, il y a quand même eu beaucoup d'allers-retours avec le reste de la compagnie. Le texte s'est écrit par petites touches, parfois par des moments d'écriture où j'étais seule, parfois au travers de ces séances de travail, en m'inspirant de ce que les comédiens proposaient. Puis on a aussi fait pas mal d'impros, parfois les idées venaient complètement d'ailleurs.
C'est le premier élément du spectacle que j'ai eu. Le titre. Il y a plusieurs histoires de sirènes dans cette création. Le récit d'Aurore, cette chanteuse qui perd sa voix, l'histoire de la petite sirène racontée sur scène aussi. Si 'Sirènes' commence en 2013 avec Aurore, il y a aussi d'autres débuts. En 1966, il y a ce marin qui part du jour au lendemain, et abandonne sa femme et son enfant. On pense évidemment à ces sirènes qui attirent les marins et qui font qu'ils ne reviennent pas à bon port. Toutes ces histoires de mythes et de contes sont là pour nous aider à traverser des choses de nos vies, elles accompagnent le spectacle.
Photographie Pauline Bureau © Paul Allain