Tourné en 1969 à travers la Californie, ‘Zabriskie Point’ partage avec ‘Blow-Up’ une même puissante intuition topologique de l’émergence des mouvements culturels. Quittant le Londres du milieu des années 60 pour la vallée de la Mort, Antonioni passe avec ce film de l’Europe aux Etats-Unis, de la mode pop aux mouvements estudiantins de la contre-culture U.S, des débuts du rock (avec les Yardbirds) au psychédélisme du Grateful Dead, de la frustration pré-68 à l’utopie hippie. Témoin de son temps, Antonioni l’est aussi – surtout – de ses impasses.
Fuyant vers le désert pour échapper aux forces de l’ordre, craignant d’être accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, Mark (Mark Frechette), un étudiant contestataire, croise sur sa route une jeune femme, Daria (Daria Halprin), elle aussi en fuite après avoir quitté son travail. Ils traceront la route ensemble et, dans l’une des scènes les plus fameuses du film, feront l’amour au beau milieu du désert. A la fois politique et introspectif, naïf et distancié, ‘Zabriskie Point’ a une place à part dans l’œuvre d’Antonioni, étant probablement son long métrage le plus accessible, servi par la musique psychédelique de Pink Floyd et du guitariste Jerry Garcia.