1974 : l’aéroport de Roissy, dessiné par Paul Andreu, est inauguré, l’album Autobahn du groupe Kraftwerk démarre sur les chapeaux de roues dans les charts, et à quelques kilomètres du centre-ville d’Arles, les Benkemoun s’installent sans tambour dans leur nouvelle villa. Quand on y entre pour découvrir l’exposition 1974 – Passé, présent, futur qui célèbre actuellement ses 50 ans, on pénètre autant une œuvre qu’une époque. Construite par Emile Sala, c’est – en deux mots – une sculpture habitable. Et habitée. Un drôle d’objet moderniste débarrassé de toute austérité, aux courbes presque insolentes, que vous pourrez visiter exceptionnellement jusqu’au 29 septembre.
La première intuition de Brigitte Benkemoun pour cette exposition hommage à la maison de ses parents était d’y réunir tout ce qui avait fait l’année 1974. Elle rencontre finalement le jeune curateur Raphaël Giannesini, passé par le vivier artistique de POUSH, qui propose de tisser un lien entre cette époque et la création contemporaine. A touche-touche dans l’exposition, aménagée en différentes pièces thématiques : le sofa circulaire de Joseph-André Motte imaginé pour l’aéroport de Roissy, un miroir en trompe-l'œil de l’artiste contemporaine Hélène Fauquet, dont l’esthétique cinétique rappelle celle d’un Vasarely, exposé dans la pièce suivante.
Au fil de cette foule d’œuvres et archives, on s’imprègne du climat politique de l’époque, marqué cette année-là par la mort de Georges Pompidou et le discours de Simone Veil sur le droit à l’avortement. Et on s’étonne de l’incroyable épopée créative, avec des œuvres souvent révolutionnaires par leur forme ou leur propos, qu’elle a constituée. En quittant la villa, et avec elle cette année 1974, une question nous trotte dans la tête : que restera-t-il de l’année 2024 ?