Difficile de ne pas tomber raide A Moro de ce petit troquet de la rue Venture, où Benjamin (Moro, donc) et Adrien Tran concoctent de concert une cuisine qui donne envie de parler avec les mains. Si le cadre ne paye pas de mine – sol moucheté, long zinc, murs blancs, bibelots d’un autre âge, petite terrasse qui déborde sur la rue au moindre rayon –, on s’y sent inexplicablement bien, comme enveloppé dans un tiramisu.
A l’ardoise du soir, des petites assiettes rondement troussées : vitello tonnato format dé à coudre ; brocolis, ‘nduja, pangrattato canaille ; joue de bœuf bien braisée à embrasser à pleine bouche, polenta crémeuse et chou, et en dessert, frissonnant semifreddo de praliné à la bergamote. Et le midi, même veine bistrotière : beignets de fleur de courgette et aïoli, saucisse aux graines de fenouil et purée, ganache choco et noisettes du Piémont…
Côté liquides, des feuilles volantes format A5 où se bousculent une flopée de quilles nature doucement tarifées : rosé de la Mongestine (28 € la bouteille), grenache blanc ardéchois du domaine des Vigneaux (30 €), cinsault audois de Fond Cyprès (34 €)… De quoi se désaltérer le spaghetti avant d’enchaîner sur un Negroni.