À ses débuts, l’endroit avait été marketé autour d’une promesse : celle d’être le premier bar à vin orange de France. Un pari audacieux, rapidement éclipsé par l’explosion de la comète Valentin Raffali, dont les petites assiettes jubilatoires ont contribué à hisser au sommet de la vague la nouvelle scène food marseillaise. Forcé de s’éloigner de ce petit local recouvert de graffitis le temps d’une saison de Top Chef, Valentin a depuis gardé la direction artistique du lieu, offrant tous les six mois les clés de sa cuisine étriquée à un(e) chef(fe) adoré(e).
Après le passage très convaincant du collectif Bits & Bobs, c’est au tour d’Anh Dao Nguyen de passer derrière le piano. La cheffe, formée par le Coréen Esu Lee, connaît bien la maison : elle a secondé Valentin durant une année ! Le menu (48 €) mitraille – deux services obligent – une succession de miniatures serties dans de petits contenants en fer-blanc rappelant les bouis-bouis d’Asie. On voyage avec toujours un pied à Marseille : huître en coquille baigne dans un vivifiant relish au nuoc-mâm, oignons frits et cacahuètes, suivi d’un brillant ravioli de ricotta au beurre blanc fumé, parsemé de fleurs d’aptenia (une succulente des calanques). La daurade, sauce kéfir et superposition de feuilles de menthe et de salade, évoque la fraîcheur d’un nem. Au moment du dessert, on se caramélise les doigts avec le désormais célèbre dildonut de Val Raffali, à moins de tomber sur ce "steamed cake" au caramel, kaki et combava.
Côté liquidités, une liasse de belles quilles hexagonales, italiennes et catalanes, parmi lesquelles une Joute ligérienne bien balancée du domaine Mosse (65 euros la bouteille) ou encore un irrésistible Vol des Étourneaux rouge de La Mariota (55 euros la bouteille). Avec ou sans Val, qu’on se le dise, l’ensemble est toujours d’une précision à faire passer un trois-étoiles pour un compas sans pointe.