Il est des adresses à Marseille dont le succès étonne, mais qui dégage ce petit je-ne-sais-quoi qui en font de véritables repères d’habitués. Dans le cas précis du Longchamp Palace, le diable se cache peut-être dans ce décor de bric et de broc, entre le bar-tabac de Melun et la cantine de quartier, où se rassemble une clientèle à créoles et écarteurs, marcels et pulls marines sur les épaules, sarouels et pantalons à pinces. Une clique bigarrée venue trinquer à la bière blonde et au rhum brun, entrecoupés de plus classiques cocktails servis par un aréopage de serveuses perfusées à la gentillesse d’un Oui-Oui sous camomille.
Côté solides, ne pas s’attendre à du standing palace, justement, mais plutôt à une enfilade d’assiettes justifiant de commander un quatrième spritz : panisses maison ultra-croustillantes format bébés chats, honnête carpaccio de veau aux câpres, champignons et parmesan, bavette black angus aux courgettes sautées, confiture de poivrons fumés et piment. Et aussi, un thon mi-cuit mi-revisité en aïoli au chou-fleur, carottes, pommes de terre, haricots verts et œuf mollet… On y passerait la journée, à se prendre pour un Balzac réécrivant la Comédie humaine.