On ne savait pas trop quoi penser de ce Mèo Midnight, bistrot à la lumière dorée, nappes amidonnées et ambiance ouatée : un Portugais, ancien taulier d’un restaurant italien (Otto, petit frère de l’excellente Cantinetta, l’une des premières trattorias modernes de Marseille) et grand fan de Wong Kar-wai qui se lance dans un projet mêlant spécialités vietnamiennes, laotiennes et chinoises en haut de la rue d’Aubagne ! Et puis on a compris que Michaël Teixeira n’était pas un rigolo quand on finissait frénétiquement la sauce brune accompagnant les couteaux sautés au jus de tamarin. C’était sirupeux, éclatant de citronnelle, de combava et de basilic thaï. On veut la même dans un saladier de moules-frites, sur une salade verte (ou dans une gourde) ! L’ensemble de la cuisine de ce bistro asiat’ est un peu comme ça : ça pique et ça rassure en même temps.
Avant ça, on jouait avec les rouleaux de printemps (croustillants car frits, qui n’ont rien à voir avec les rouleaux habituels) fourrés de poireaux et d’une grosse crevette et surmontés d’une mayonnaise à l’huile de piment et d’une crème au beurre de cacahuète. Au dessert, découverte des tāngyuán, sortes de mochi chinois. Des boulettes de riz – remplies ici de praliné de cacahuète au caramel au beurre salé au lieu de la pâte sucrée de haricot rouge traditionnelle – et plongées dans un bol de jus de raisin clair avec des fruits rouges. Deux options pour l'après-repas : passer chez le coiffeur qui jouxte Mèo Midnight, une institution dans le quartier. Ou rejoindre le coffee shop et cafète également mitoyen, le Chungking Express (titre d’un film de Wong Kar-wai) ouvert par le même Michaël Teixeira et qui se transforme le soir en bar à vins asiatisant.