Largement inspiré par Le Caravage, le peintre Jusepe de Ribera (1591-1652) se détache de son mentor par un traitement plus sombre et plus radical des sujets explorés. Chez Ribera, le clair-obscur révèle la souffrance humaine, la violence de la chair et fait vaincre les ténèbres sur la lumière céleste. C’est la naissance du ténébrisme et on vous prévient : c’est pas très gai. Cette importante figure de la Renaissance est réhabilitée à travers un parcours thématico-chronologique riche de plus d’une centaine de peintures. On découvre, entre dégoût et fascination, l’univers bien dark du peintre. Le Martyre de saint Barthélemy (1624), un vieillard écorché vif, côtoie un Saint Jérôme décharné (1626) ou pénitent (1634), tandis que les habitués du Louvre reconnaîtront l’exceptionnelle Mise au tombeau (1628-1630). Assez classique dans son traitement, le parcours laisse les œuvres s’exprimer et donne les clés pour comprendre la filiation caravagesque de Ribera, et la manière dont il s’en est éloigné.
Louvre Couture, objets d’art, objets de mode
Avoir 231 ans et faire sa première fois. Jusqu'au 21 juillet 2025, le Louvre accueillera pour la toutoute première fois de son histoire, une exposition entièrement consacrée à la galaxie de la mode. Cette rétrospective sera tricotée par Olivier Gabet et Nathalie Crinière, qui ont annoncé vouloir questionner l’influence des musées et de leurs collections sur les créateurs. Le vestiaire, qui dialoguera donc avec les œuvres du Louvre, devrait être composé de 65 tenues et 30 accessoires haute couture avec, à la volée, des créations Chanel de Karl Lagerfeld – grand arpenteur du Louvre –, ainsi que des pièces griffées Yohji Yamamoto, Dolce & Gabbana, et un focus sur Marie-Louise Carven, “la couturières des petites dames”. Fa-fa-fashion !
Quand ? jusqu'au 21 juillet 2025.
Où ? musée du Louvre, rue de Rivoli, Paris 1er.
Du Cœur à la main : Dolce & Gabbana
En 2025, Dolce & Gabbana fêtera 40 ans de création. Et trouvera au Grand Palais un écrin à la mesure de son exposition événement inaugurée au Palazzo Reale à Milan. Des inspirations multiples du duo de stylistes (céramique sicilienne, verrerie vénitienne…) aux pièces uniques conçues à la main dans leurs ateliers, l’exposition tisse les mille et un liens entre la culture italienne et cette haute couture de la démesure que cultive la maison. À travers dix salles immersives et une scénographie aussi folle que leurs robes, on se balade dans la tête (et dans le cœur) des créateurs.
Quand ? jusqu'au 31 mars 2025
Où ? Grand Palais, 3 avenue du Général Eisenhower, Paris 8e
Dennis Morris - Music + Life
C’est la première rétrospective française du photographe britannique Dennis Morris. Ce Londonien est devenu célèbre pour ses portraits mythiques de Bob Marley (qu’il n’a pas quitté d’une semelle entre 1974 et 1981) mais aussi des Sex Pistols, de Marianne Faithfull, d’Oasis ou des Stone Roses. Il a été aussi un témoin unique de l’évolution de son quartier de Dalston, de la vitalité de la diaspora caribéenne, de la naissance des sound-systems… Un concentré de l’énergie de toutes les contre-cultures londoniennes de l’époque !
Quand ? du 5 février au 18 mai 2025
Où ? Maison européenne de la photographie, 5-7 rue de Fourcy, Paris 4e.
Pop Forever, Tom Wesselmann &…
Lire notre critique par ici.
Quand ? jusqu'au 24 février
Où ? Fondation Louis Vuitton, 8 Av. du Mahatma Gandhi, 75116 Paris
Ribera, Ténèbres et lumière
Où ? avenue Winston Churchill, Paris 8e
Disco
Après le headbang, la boule à facettes. Du 14 février au 17 août 2025, la Philiharmonie célébrera le disco en long, en large et en paillettes. Pour baliser le terrain, la Philharmonie évoquera les premiers jours (américains) du disco et sa filiation avec les combats politiques de la fin des années 1960. Le parcours devrait ensuite s’intéresser à des artistes et groupes ayant défini les codes du genre, avec sur la pochette des noms comme Donna Summer, Chic, Giorgio Morder ou Grace Jones. L’autre versant de l’expo traitera du disco comme phénomène mondial ayant infusé dans tous les domaines culturels et économiques. Enfin, la Philharmonie devrait insister sur la discothèque comme matrice de la libération des corps et de la culture club.
Quand ? du 14 février au 17 août 2025.
Où ? Philharmonie, 211 avenue Jean-Jaurès, Paris 19e.
Suzanne Valadon
Suzanne Valadon de retour au centre – de Paris et de l’attention muséale. Si son atelier-appart a été ouvert au public en 2014 dans le musée de Montmartre, voilà plus de cinquante ans – c’était en 1967 – que l’œuvre de Suzanne Valadon n’avait pas fait l’objet d’une expo majeure. Une incongruité gommée par le Centre Pompidou qui revient du 15 janvier au 26 mai 2025 sur son parcours dans la sphère artistique de la – environ – première moitié du XXe siècle. A travers 200 œuvres – peintures et dessins – dont certaines peu ou pas montrées, Beaubourg racontera comment Valadon est devenue une personnalité clé dans l’empouvoirement des femmes artistes, entre son obstination à vouloir représenter le réel à tout prix à l’époque du cubisme et de l’art abstrait débutant, et sa représentation (pionnière par une femme) du nu masculin en grand format. Une exposition qui causera de la Bohème parisienne – Valadon fut un emblème du Montmartre musette –, et dans laquelle seront présentées des photos et des manuscrits ainsi que des tableaux d’artistes femmes contemporaines.
Quand ? jusqu'au 26 mai 2025
Où ? Centre Pompidou, rue Saint-Martin, Paris 4e.
Jacques Prévert, rêveur d'images
On le connaît pour ses poésies enfantines, ses chansons entonnées par Yves Montand ou Serge Gainsbourg, son engagement politique et les nombreuses écoles primaires à son nom. Mais Jacques Prévert était aussi un artiste flirtant avec le surréalisme. Ça tombe bien : le mouvement fête ses 100 piges ! C’est l’expo parfaite à faire un dimanche après-midi, sous un soleil d’hiver, entre copains ou en famille. Joyeuse et colorée, Jacques Prévert, rêveur d'images rassemble près de 150 pièces éclectiques entre collages, photos, dessins, gouaches mais aussi tableaux de tous ses potes (Calder, Picasso ou Miró pour ne citer qu’eux). Prévert, c’est aussi des choix plastiques affirmés, aussi divers soient-ils. Le texte et l’image s'enlacent sans cesse, toujours avec goût et humour. Une ode à l’amitié déployée sur les deux étages d’un musée qui prend des allures de cour de récré.
Quand ? jusqu’au 16 février 2025.
Où ? musée de Montmartre, 12 rue Cortot, Paris 18e.
L’Art “dégénéré”: le procès de l’art moderne sous le nazisme
Dès 1930, le parti nazi s’attaque à l’art moderne. Considérant que cette avant-garde sape leur fantasme d’une nation allemande supérieure, triomphante et martiale, les nazis font interdire les artistes juifs et/ou communistes et saisir leurs œuvres « impures ». La liste des persécutés inclut les plus grands noms du XXe siècle : Otto Dix, Ernst Ludwig Kirchner, Vassily Kandinsky, Paul Klee, Marc Chagall, et bien sûr Pablo Picasso. Quelque 700 œuvres confisquées sont présentées de manière infamante dans une exposition intitulée Art dégénéré en Allemagne de 1937 à 1941, où elles sont comparées à des dessins de malades mentaux. Le musée Picasso replace pour la première fois cette propagande de l’extrême droite contre l’art moderne dans son contexte. Pour éviter que l’histoire ne bégaie ?
Quand ? du 18 février au 25 mai 2025
Où ? musée Picasso, 5 Rue de Thorigny, Paris 3e.