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L’art accessible, c’est bien. Ce week-end, Paris aligne trois expositions gratuites qui ne se contentent pas d’être belles à regarder : elles interrogent, bousculent et réécrivent les codes. Au programme ? Des femmes qui mangent enfin pour elles-mêmes, débarrassées du regard qui pèse sur leurs assiettes. Un Snoopy devenu icône de mode, trimballé des planches de Schulz aux podiums des plus grands créateurs. Et des barbershops africains revisités comme des espaces de transmission, où l’identité se sculpte autant que les cheveux.
Les Femmes ont Faim, du 21 au 23 mars, à la galerie 78temple
Dans notre culture, l’image des femmes attablées se limite souvent à un rôle de service : elles cuisinent, nourrissent, dressent la table, mais leur propre rapport à la nourriture reste encadré par des injonctions. Entre culpabilité, contrôle et mise en scène, leur appétit est rarement montré pour ce qu’il est : un plaisir simple et entier. Avec Les Femmes ont Faim, la photographe Anna Leonte Loron fout un coup de pied dans la nappe et cadre enfin les femmes en train de manger pour elles, sans permission, sans justification, sans personne pour compter les bouchées. L’exposition, installée à la galerie 78temple du 21 au 23 mars, s’articule autour de clichés où la spontanéité prime : pas de posture figée ni de filtre flatteur, juste des femmes qui bouffent, pour de vrai, sans chorégraphie ni retenue. Les Femmes ont Faim ne s’arrête pas aux images. Le parcours d’exposition s’enrichit d’installations qui amplifient le propos. Le pain des sœurs, sculpture monumentale en pain, par exemple, incarne à la fois la privation et l’urgence de reprendre le contrôle sur son propre appétit.
Anna Leonte Loron retourne l’objectif et braque enfin la lumière sur une réalité trop longtemps escamotée. Dans un monde où les femmes doivent sans cesse expliquer ce qu’elles avalent, combien, pourquoi et sous quelles conditions, manger pour soi devient un acte de résistance. Et il était temps de l’immortaliser.
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Où ? à la galerie 78temple, 78 Rue du Temple, 75003 Paris
Quand ? du 21 au 23 mars 2024
Le Style Snoopy : L’histoire des Peanuts et de la mode, du 22 mars au 5 avril, à l’Hôtel du Grand Veneur
Depuis sa première apparition en 1950, Snoopy n’a eu de cesse de se réinventer. Tantôt aviateur, détective ou écrivain torturé, le beagle le plus stylé de la BD s’offre aujourd’hui une nouvelle mue, et pas des moindres : celle d'icône de mode. Du 22 mars au 5 avril, l’Hôtel du Grand Veneur, au cœur du Marais, se transforme en galerie rétro-pop où mode et Peanuts s’entrelacent. L’idée ? Montrer comment Snoopy, Charlie Brown et compagnie ont influencé la mode – et vice-versa. Une exposition-anniversaire inédite (75 ans de Peanuts cette année, tout de même) qui dévoile des planches originales de Charles M. Schulz (1922-2000), des objets d’archives, mais surtout un parterre de poupées Snoopy et Belle sapées par les plus grands noms de la mode. Armani, Lagerfeld, Castelbajac, Issey Miyake… Même Uniqlo et Lacoste ont cédé à l’appel du zigzag de Charlie Brown et du col roulé de Joe Cool.
« En plus de créer des personnages inoubliables, immédiatement reconnaissables et chacun avec son propre style, mon mari avait aussi un sens du style bien à lui—en fait, il ne pouvait pas passer devant une boutique de vêtements pour hommes sans regarder les pulls ! », raconte Jeannie Schulz, veuve du créateur de Peanuts. Et l’expo ne s’arrête pas là : Sarah Andelman, fondatrice de Just an Idea et ex-figure de Colette, signe la curation de la boutique de souvenirs. Une sélection d’articles exclusifs et de collaborations avec des marques comme Leblon Delienne, Steiff ou encore K-Way.
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Où ? Hôtel du Grand Veneur, 60 rue de Turenne, Paris 3e
Quand ? Du 22 mars au 5 avril 2025, tous les jours de 11h00 à 18h00
I'M IN YOUR HANDS, du 25 janvier au 29 mars, à la galerie Mariane Ibrahim
Du 25 janvier au 29 mars 2025, la galerie Mariane Ibrahim passe à la tondeuse les idées reçues avec l’exposition I’M IN YOUR HANDS de l'artiste londonienne qui « commence toujours par les mots » Lakwena Maciver. Un titre qui résonne comme une confidence car ici, on parle de coiffure, de masculinité et de transmission, mais pas seulement. On entre, on s’assoit, on se regarde dans le miroir, on est entre leurs mains. Maciver plonge dans l’univers des barbershops de la diaspora africaine, ces salons où l’on vient aussi bien pour rafraîchir un dégradé que pour échanger, débattre et façonner son identité.
Au centre de l’exposition, une série de portraits sculptés dans le bois (I KNOW I CAN COUNT ON YOU et LIFT YOUR HEAD HIGH). Des visages composites, créés à partir de fragments d’individus réels, qui incarnent une identité collective en perpétuelle évolution. Le bois brut laisse entrevoir ses nervures, et sert de métaphore à la mémoire et à la vulnérabilité. L'artiste réinterprète les codes visuels des salons de coiffure : enseignes peintes à la main, typographies géantes et motifs graphiques empruntés aux publicités vernaculaires. Et pour accompagner l'ensemble, des messages poétiques qui viennent s’intégrer à ses œuvres, jouant avec les sonorités et les symboles pour élever le salon de coiffure au rang de sanctuaire social et spirituel.
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Où ? à la galerie Mariane Ibrahim, située au 18 avenue Matignon, Paris 8e.
Quand ? jusqu'au 29 mars 2025