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Cet automne, le monde de l’art n’occulte pas ses fantômes. De la Bourse de Commerce au Salon de Montrouge, différentes expositions lèvent le voile sur l’invisible, l’absence, la peur et leurs multiples incarnations, qu’elles soient hostiles ou bienveillantes. Heureux hasard ou vrai phénomène, quatre expositions différentes témoignent au même moment de l’intérêt renouvelé des artistes pour l’étrange et le spirituel, des phénomènes paranormaux aux films d’horreur. Photo, peinture, installation… Tous les médiums sont convoqués dans ce jouissif et intrigant débordement ésotérique de la scène artistique. Entre épouvante et expérience mystique, on vous emmène à la découverte de ces musées hantés.
Mythologies américaines, Bourse de Commerce
Pour sa nouvelle saison, la Bourse de Commerce réveille ses fantômes. Présentant les travaux de quatre artistes américains de générations différentes, l’institution ouvre ses portes à d’intrigantes présences. Des poltergeists de Mike Kelley aux masques vides et fragiles de Mira Schor, les apparitions-disparitions qui hantent ses espaces sont tantôt drolatiques, tantôt émouvantes, évoquant les désirs et démons des artistes exposés. Chez Mike Kelley, tête d’affiche de la programmation, elles évoluent crescendo, jusqu’à exploser en un ultime bal dans la dernière salle du parcours, qui se transforme en une espèce de kermesse d’ombres et de cris. De son côté, la jeune artiste américaine Ser Serpas aménage un espace horrifique, empli de peintures et sculptures réalisées à partir d’objets trouvés dans les rues, et inspiré du film d’horreur Les Autres (2001). D’après ses propres mots, la salle ressemble à “une scène de film d’épouvante, qui se répète en boucle et que l’on voudrait quitter immédiatement.”
A découvrir du 13 octobre 2023 au 19 février 2024 à la Bourse de Commerce.
Les chercheurs de fantômes du Salon de Montrouge
Pour sa 67e édition, le Salon de Montrouge, dédié à la jeune création, expose des artistes qui pourraient faire figure d’apprentis sorciers. Parmi eux, le jeune Geoffrey Badel, qui se présente comme un “chercheur de fantômes”, dessine ses apparitions sur des feuilles de papier trouvées dans des greniers. Spectres et présences surnaturelles hantent aussi les photographies d’Emma Tholot, dont la grand-mère était voyante, quand les toiles apocalyptiques de Renaud Artaban sont noires de ténèbres et de disparitions. Plus pop, les drôles de monstres et créatures bigarrés de Clara Cimelli finissent de mettre le feu à cette poudrière de jeunes talents, décidément bien occupée à rendre visible l’invisible.
A découvrir gratuitement jusqu’au 29 octobre 2023, au Beffroi de Montrouge.
Phénomènes, PhotoSaintGermain
Après une première plongée intrigante et réussie dans “l’inconnu” des phénomènes inexpliqués l’an dernier, PhotoSaintGermain et le musée d’Histoire de la médecine poursuivent leur exploration photographique du paranormal. Mettant en scène la fascination des savants pour l’invisible et l’occulte, l’exposition témoigne notamment de travaux et expérimentations en parapsychologie, remontant pour certains au début du siècle dernier. Entre l’enquête et le cabinet de curiosités, Phénomènes met cette année la lumière sur de nouveaux mystères, des ectoplasmes aux rêves en passant par la télépathie. Bouh !
A découvrir du 2 novembre 2023 au 17 février 2024, au Musée d’Histoire de la Médecine.
Do You Believe in Ghosts?, Fondation Pernod Ricard
Hantée par le film Ghost Dance (1983), dans lequel Jacques Derrida philosophe non sans ironie sur les fantômes, cette exposition interroge six jeunes artistes sur leur rapport à l’occulte et à l’absence, à travers différents médiums (pun intended). Tous sont en lice pour le 24e prix de la Fondation Pernod Ricard, qui assure le renouvellement continu de la scène contemporaine française. Parmi eux, le jeune prodige Pol Taburet (adoubé par Pinault et exposé cet été à Lafayette Anticipations), qui présente différentes toiles convoquant d’étranges créatures spectrales.
A découvrir gratuitement jusqu’au 28 octobre 2023, à la Fondation Pernod Ricard.